Le stade Vélodrome

Le stade Vélodrome

La construction d’un grand stade à Marseille est envisagée dès la fin des années 1920 dans un contexte de développement des équipements sportifs municipaux répondant à la fois à l’essor de l’éducation physique et des spectacles sportifs. La popularité du cyclisme et la professionnalisation du championnat de France de football en 1932 en font une nécessité tout autant que la perspective d’accueillir la Coupe du monde de football en 1938.

C’est le projet de l’architecte Henry Ploquin qui est retenu, même si le Palais des sports attenants au stade est abandonné pour des raisons budgétaires. La première pierre est posée par le maire, le Docteur Georges Ribot, le 28 avril 1935 et le Stade vélodrome est inaugurée le 13 juin 1937 en présence de Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des Loisirs du gouvernement de Front populaire.

Le Stade vélodrome devient immédiatement le stade de l’Olympique de Marseille qui évolue jusqu’alors au Stade de l’Huveaune. Le jour de l’inauguration, les olympiens affrontent l’équipe italienne du Torino ; ils y disputent ensuite leur premier match officiel de championnat de France face à l’AS Cannes le 29 août 1937. Le Stade vélodrome accueille aussi toutes les grandes compétitions internationales de football organisées en France : la Coupe du monde en 1938 et 1998, l’Euro en 1984 et 2016.

On ne dispute cependant pas que des matchs de football au Stade vélodrome. On y voit du cyclisme bien sûr. L’anneau cyclable permet l’organisation de nombreuses compétitions, dont les championnats du monde sur piste en 1972. Entre 1937 et 1967, s’y joue l’arrivée de dix étapes du Tour de France. Sur la piste cendrée s’organise par ailleurs des compétitions athlétisme jusqu’à la fin des années 1960. Plus rarement le public marseillais peut y assister à des combats de boxe ; le premier à monter sur le ring, en 1942, n’est autre que Marcel Cerdan. Les rencontres de jeu à XIII sont plus fréquentes. L’équipe de France y dispute des rencontres internationales et le club Marseille XIII (champion de France en 1949) y élit domicile entre 1965 et 1978. Le ballon ovale rebondit à nouveau à partir des années 2000, mais il s’agit cette fois de rugby à XV. L’équipe de France attire la foule marseillaise lors de test-match ou lors de son match disputé lors de la Coupe du monde 2007. Depuis 2009, le club du RC Toulon revenu au plus haut niveau s’installe au Stade vélodrome pour ses matchs les plus importants. D’autre sports occupent également le terrain de manière plus ponctuelle : le handball à 11, le basketball (avec deux matchs de démonstration des Harlem Globe Trotters), du moto-ball, de la pétanque, des courses motocyclistes et même de lévriers. Depuis les années 1950, les enfants marseillais investissement tous les ans le stade pour la fête des écoles. À partir des années 1980, le stade se transforme de temps en temps en scène de spectacle accueillant les plus grands artistes internationaux.

Le Stade connaît plusieurs rénovations à partir des années 1970 qui, le plus souvent à l’occasion de grandes compétitions internationales de football, font passer sa capacité de 35 000 à 67 000 places. La piste cycliste disparaît en 1985. Le Stade vélodrome est non seulement le deuxième stade français par sa capacité d’accueil, mais il est aussi l’un des principaux monuments qui identifient la ville de Marseille. Son inscription patrimoniale est renforcée par l’appellation de ses tribunes qui rendent hommage à des figures sportives locales décédées prématurément. La tribune principale est dédiée à Jean Bouin, héros du sport et de la nation tombé au front en 1914. L’autre tribune porte le nom de Gustave Ganay, champion cycliste des années 1920 tandis que le virage nord a longtemps rendu hommage au boxeur Ray Grasse avant de prendre le nom de Patrice de Perreti, fondateur d’un groupe de supporter de l’OM. L’appellation du virage sud dépasse le cadre sportif même si le chevalier Roze a déjà donné son nom à l’un de plus anciens clubs de la ville. Nicolas Roze est en effet l’un de ses nobles qui se sont particulièrement illustrés par leur engagement lors de la peste de 1720, événement traumatique resté dans toute les mémoires. Le Stade vélodrome a par les émotions suscitées en son sein tient aussi une place singulière dans la mémoire collective des Marseillais et des habitants de la région.

Bibliographie

Bromberger Christian, Le match de football. Ethnologie d’une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1995.

Drocourt Daniel, « Le Stade vélodrome, de Marseille deuxième stade de France », revue Marseille, n°184, 1998, p. 69-75.

Durousseau Thierry, « Bonjour Monsieur Ploquin », revue Marseille, n°184, 1998, p. 76-81.

Fancello Patrick, Poggi Michel et Hodoul Marc, II était une fois le Stade-Vélodrome, 1937-1998, Éditions européennes de Marseille-Provence, 1998.

« Générations Vélodrome », La Provence, hors-série 1017, 2016.

Site officiel du stade Orange Vélodrome : https://www.orangevelodrome.com

Mourlane, Stéphane