La patinoire de Gap

La patinoire de Gap

La création d’une patinoire artificielle

Le hockey gapençais, dont l’origine remonte à 1937, prend son envol en 1945 avec sa qualification dans le championnat de France de deuxième série. Les matchs se déroulent alors sur une patinoire naturelle, au boulodrome de la pépinière, limitant ainsi aux seuls mois d’hiver la pratique du hockey.

II faut attendre 1955 pour que la patinoire Roger Brown, du nom d’un des précurseurs du hockey sur glace à Gap, une fois clôturée et éclairée, soit inaugurée. Mais le véritable tournant s’opère à la fin des années 1950 sous l’impulsion du Gap Hockey-Club avec l’installation d’une patinoire artificielle dotée d’un système de refroidissement à l’ammoniaque. L’attrait touristique de la ville, ses nombreuses écoles et son affection pour les sports de glace assure une fréquentation régulière de l’établissement. Les dépenses énergétiques, importantes pour une telle structure, sont envisageables avec l’achèvement du barrage de Serre-Ponçon en 1960.

Grâce au soutien de la municipalité, l’objectif est d’accueillir des championnats de hockey et de patinage artistique. Le club bénéficie d’ailleurs de l’appui de la Fédération française des sports de glace qui s’intéresse fortement à cette patinoire artificielle, une des premières en France.

Le 4 février 1959, la municipalité donne son accord pour la mise en route des travaux de la patinoire dans le quartier de la Blache. Afin de garantir les meilleures installations les dirigeants du Gap Hockey-Club effectue un voyage en Suisse pour s’inspirer des infrastructures locales. Plus d’une décennie plus tard, en 1972, établissement est finalement couvert, prolongeant sa période d’ouverture au-delà de la période hivernale.

Une patinoire de compétitions

En 1974, on dénombre 103 patinoires en France qui peuvent accueillir les licenciés de Fédération française des sports de glace dont le nombre a doublé depuis les Jeux olympiques d’hiver de Grenoble en 1968. Gap accueille dans sa patinoire des compétitions au début des années 1970, d’abord nationales avec les championnats de France junior de hockey sur glace en 1972 et les championnats de France de curling et 1973, puis international avec le championnat du monde hockey sur glace de groupe C en 1974. Sous le regard des médias du monde entier, 7 matchs se déroulent dans la patinoire gapençaise qui peut accueillir 2000 spectateurs. L’enjeu est majeur pour la ville, il s’agit d’inciter les spectateurs attendus à découvrir les nombreuses activités sportives des Hautes-Alpes comme celles de neige (le département possède à l’époque plus de 20 stations de ski), l’alpinisme, la chasse ou encore les disciplines nautiques. La patinoire reçoit ensuite les championnats d’Europe de groupe A. Au-delà de ces compétitions, la patinoire sert le rayonnement de la ville au travers des succès du club de hockey sur glace local. Les Rapace du Gap Hockey-Club évoluent en 1ere série nationale depuis 1962 sous l’impulsion de leur président Jean Ferrand, dont le nom sera accolé plus tard à celui de Brown pour nommer la patinoire. Les hockeyeurs gapençais remportent le titre de champion de France en 1977 et 1978 qui jusqu’alors revenait depuis une quinzaine d’années surtout aux clubs de Chamonix et Saint-Gervais.

Une patinoire rénovée

Le public, réputé pour sa ferveur, est toujours plus nombreux ainsi que la fréquentation toujours plus importante de la patinoire, par les Gapençais et les touristes conduisent à mener de nouveaux travaux d’aménagement. Les fonds débloqués au titre de la troisième loi du Programme national d’équipement sportif socio-éducatif sont utilisés notamment pour la création de vestiaires, de douches ou encore pour construire de nouveaux gradins, portant la capacité d’accueil de la patinoire à 3 000 spectateurs assis. Ce programme adopté en 1975 propose une aide technique centralisée afin de densifier les infrastructures sportives française et à créer un maillage sportif des communes. Il s’agit pour l’État de mettre en œuvre un programme éducatif de la jeunesse, mais surtout de développer des espaces à vocation compétitives. L’objectif est donc de promouvoir et de faciliter la pratique d’un sport pour former aux mieux de futurs champions.

En 1985, l’éclairage est rénové et en 1987, des travaux sont engagés pour la réfection de la dalle, des installations frigorifiques et des protections. Si l’Équipe évoque en 1986, « un temple du hockey sur glace », les travaux ne permettent pas de maintenir la patinoire à la hauteur des standards internationaux. Pour des raisons de sécurité, à la suite du traumatisme causé par l’effondrement d’une tribune au stade de Furiani à Bastia, en 1992, la capacité est ramenée à 2000 spectateurs. L’équipe de France n’y dispute plus de matchs amicaux après 1989 (la patinoire avait accueilli, depuis 1973, 8 matchs amicaux de l’équipe de France).

Le stade de glace

Au début des années 2000, le maire Pierre Bernard-Reymond, envisage une rénovation complète. Le projet n’est toutefois lancé qu’en 2010. La patinoire Brown-Ferrand est entièrement refaite et agrandie : sa capacité est portée à 2800 places avec des spectateurs qui, désormais, sont installés tout autour de la glace. Le stade de glace Alp’Arena, selon sa nouvelle appellation, garde toutefois charpente originale la patinoire Brown‑Ferrand. Gap retrouve aussi une patinoire extérieure, ouverte d’octobre à mai et accolée du stade glace.

L’équipe de France est depuis revenu jouer deux matchs amicaux tandis que les Rapaces ont retrouvé leur meilleur niveau, après des années chaotiques qui le relègue en division inférieure, en remportant à nouveau le championnat de France en 2015 et 2017. Équipement sportif et de loisirs, la patinoire est aussi devenue à Gap un lieu d’animation culturelle de premier plan.

Bibliographie

Branchu Marc, Histoire du Hockey sur Glace en France, Alan Sutton, coll. « Mémoire du Sport », 2007.

Falcoz Marc, Chifflet Pierre, « La construction publique des équipements sportifs. Aspects historique, politique et spatial », Les Annales de la Recherche urbaine, n°79, septembre 1998.

Le club est créé en 1937 et s’engage en championnat de France en 1945, où il évolue en deuxième série.

En 1955, c’est l’inauguration de la patinoire Roger Brown, qui devient artificielle en 1961. Les Gapençais débutent en 1re série (division élite) pour la saison 1962-19633.

À partir de 1962, le canadien Camil Gélinas, entraineur de l’ACBB à son heure de gloire, devient entraineur de toutes les catégories de Gap, à la demande du Président de la FFSG, Jean Ferrand. Cela porte ses fruits avec un premier titre de champion de France, en catégorie junior en 1965.

En 1972, d’autres travaux sur la patinoire (couverture de la piste) permettent l’utilisation permanente de la glace2, et d’accueillir les championnats du monde groupe C (tournoi final à Helsinki)

Champion de France : 1977, 1978, 2015 et 2017.

Coupe Magnus

La Coupe Magnus est le trophée le plus prestigieux du hockey sur glace français. Remis depuis 1904, les Rapaces l’ont remporté à 4 reprises.

1977

1978

En 1989, le club finit à l’avant-dernière place de la Nationale 1A et peut se maintenir. Mais préfère descendre pour mettre fin à l’aventure professionnelle, qui coûte cher9.

Pour la saison 1992-1993, Gap remonte une première fois en élite, à la suite d’un remaniement des divisions et de l’abandon de la ligue nationale à 10 clubs10. En 1996, le club remporte la Division 1 et remonte à nouveau11. Nouvelle descente immédiate, quand Gap échoue à se maintenir en poule de maintien12. Le club descend lentement dans la hiérarchie française, devant même disputer un barrage pour se maintenir en Division 1 lors de la saison 2001-200213. Mais le club rebondit la saison suivante, grâce à l’élargissement de l’élite vers un Super 16. Tâche difficile, puisqu’avec le plus faible budget14, Gap est souvent dans le bas de tableau. Il finit même par re-descendre au second échelon15 en 2006. En 2009, grâce à un nouveau titre de champion de Division 1, le club revient dans la ligue élite, la Ligue Magnus16.

L’aérodrome de Gap-Tallard

L’aérodrome de Gap-Tallard

Une base militaire et commerciale

L’aérodrome de Gap-Tallard est construit en 1931, un an après la fondation par Charles Picard de l’Aéro-Club Alpin. Mais la Seconde Guerre mondiale marque un coup d’arrêt au développement des activités aériennes. En octobre 1943, les autorités allemandes, par crainte de possibles atterrissages des alliés, demandent la neutralisation de la piste de l’aérodrome alors occupé par l’armée italienne. Au sortir de la guerre, de nombreux travaux sont donc nécessaire pour permettre la réhabilitation des pistes endommagées. À partir du 23 novembre 1962, l’aérodrome est ouvert à la circulation aérienne publique et, en janvier 1969, il est géré par la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Gap. Il représente alors le seul moyen de communication aérien des Hautes-Alpes et surtout de l’aire gapençaise, Désenclavant ainsi le département, il permet notamment à la compagnie Air Alpes de proposer des liaisons entre Gap et Paris.

La formation d’un aéropôle

Le milieu des années 1970 est une période de difficile pour l’aérodrome. Le manque de fréquentation de la ligne Gap-Paris et les problèmes techniques des pistes conduisent à la suppression de la ligne. La structure est également menacée par un projet d’une possible construction d’un aérodrome entre Sisteron et Thèze. En 1975, la Région Sud-Est de l’Aviation Civile lance un programme économique permettant aux aérodromes des Hautes-Alpes de se doter des équipements qui leur fait le plus défaut. Cela permet à l’aérodrome de Gap-Tallard d’ériger des hangars à avion et de tracer des balisages de nuit et d’obstacles.
Quelques années plus tard, en janvier 1984, la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Gap cède la gestion de l’aérodrome à un Syndicat Mixte. En mars 1991, le Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (S.I.V.U) prend le relais et est chargé de de la conception, de l’aménagement, de la promotion et de la commercialisation du site. Il a pour vocation de développer des activités nouvelles en s’appuyant sur la renommée de l’aérodrome. Un parc d’activités économiques à vocation aéronautique, l’aéropôle de Gap-Tallard, se développe à proximité. Le C.N.E.S (Centre National d’Études Spatiales) y dispose par exemple d’une base de lancement de ballons stratosphériques.

Une base sportive reconnue

Le développement des activités sportives est également privilégié afin de tirer des bénéfices des conditions aérologiques et climatiques exceptionnelles, mais aussi du magnifique cadre paysager avec au nord le massif des Ecrins, à l’est le lac de Serre-Ponçon, à l’ouest la Drôme et au sud, les gorges du Verdon. L’aviation est la première discipline concernée. Dans les années 1930, l’aérodrome est l’un des étapes du Tour du Sud-Est organisé l’Aéro-Club de Provence.
Dans les années 1970, le site devient, un grand centre de vol à voile et d’aviation légère, mais elle est surtout la première plate-forme européenne de saut en parachute, une activité passée du domaine militaire au celui des loisirs grâce notamment au progrès technique et l’utilisation de voiles rectangulaires. L’aérodrome accueille d’ailleurs en 1995 et en 2003 la Coupe du monde de la discipline. Il s’impose en outre comme un centre d’entraînement des équipes nationales de différentes disciplines parachutistes comme le vol relatif, la voile contact, la voltige. Toutes ces activités peuvent utiliser la piste principale revêtue d’une longueur de 965 mètres sur 30 mètres de large, d’une piste en herbe d’une longueur de 700 mètres sur 80 mètres de large et d’une mini-piste d’une longueur de 443 mètres sur 10 mètres de large.
La notoriété de l’aérodrome s’affirme avec l’organisation de la première édition du Mondial de l’Air en mai 1998. Il s’agit alors de créer une manifestation annuelle d’envergure internationale, capable de dynamiser, de valoriser et de regrouper en un même temps et en un même lieu, l’air sous toutes ses formes : loisir, science et environnement. Les organisateurs misent sur une large stratégie de communication et l’événement est relayé par la presse quotidienne régionale et spécialisée, mais aussi par la radio et la télévision. Le succès est alors au rendez-vous : la première édition rassemble 151 exposants dans le domaine de l’aviation de loisir, 42.000 visiteurs et 1080 scolaires… Une deuxième édition est organisée en 1999.
Aujourd’hui, l’aérodrome est considéré comme le principal centre européen multi-sports aériens : on y pratique à tous les niveaux, depuis le baptême, outre le parachutisme et le vol à voile, le parapente, l’ULM, l’autogire et le vol en Montgolfière.

Sitographie

L’aéroclub alpin : http://www.aeroclubalpin.fr
Alpes-envol : http://www.alpes-envol.fr

Le stade Vélodrome

Le stade Vélodrome

La construction d’un grand stade à Marseille est envisagée dès la fin des années 1920 dans un contexte de développement des équipements sportifs municipaux répondant à la fois à l’essor de l’éducation physique et des spectacles sportifs. La popularité du cyclisme et la professionnalisation du championnat de France de football en 1932 en font une nécessité tout autant que la perspective d’accueillir la Coupe du monde de football en 1938.

C’est le projet de l’architecte Henry Ploquin qui est retenu, même si le Palais des sports attenants au stade est abandonné pour des raisons budgétaires. La première pierre est posée par le maire, le Docteur Georges Ribot, le 28 avril 1935 et le Stade vélodrome est inaugurée le 13 juin 1937 en présence de Léo Lagrange, sous-secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des Loisirs du gouvernement de Front populaire.

Le Stade vélodrome devient immédiatement le stade de l’Olympique de Marseille qui évolue jusqu’alors au Stade de l’Huveaune. Le jour de l’inauguration, les olympiens affrontent l’équipe italienne du Torino ; ils y disputent ensuite leur premier match officiel de championnat de France face à l’AS Cannes le 29 août 1937. Le Stade vélodrome accueille aussi toutes les grandes compétitions internationales de football organisées en France : la Coupe du monde en 1938 et 1998, l’Euro en 1984 et 2016.

On ne dispute cependant pas que des matchs de football au Stade vélodrome. On y voit du cyclisme bien sûr. L’anneau cyclable permet l’organisation de nombreuses compétitions, dont les championnats du monde sur piste en 1972. Entre 1937 et 1967, s’y joue l’arrivée de dix étapes du Tour de France. Sur la piste cendrée s’organise par ailleurs des compétitions athlétisme jusqu’à la fin des années 1960. Plus rarement le public marseillais peut y assister à des combats de boxe ; le premier à monter sur le ring, en 1942, n’est autre que Marcel Cerdan. Les rencontres de jeu à XIII sont plus fréquentes. L’équipe de France y dispute des rencontres internationales et le club Marseille XIII (champion de France en 1949) y élit domicile entre 1965 et 1978. Le ballon ovale rebondit à nouveau à partir des années 2000, mais il s’agit cette fois de rugby à XV. L’équipe de France attire la foule marseillaise lors de test-match ou lors de son match disputé lors de la Coupe du monde 2007. Depuis 2009, le club du RC Toulon revenu au plus haut niveau s’installe au Stade vélodrome pour ses matchs les plus importants. D’autre sports occupent également le terrain de manière plus ponctuelle : le handball à 11, le basketball (avec deux matchs de démonstration des Harlem Globe Trotters), du moto-ball, de la pétanque, des courses motocyclistes et même de lévriers. Depuis les années 1950, les enfants marseillais investissement tous les ans le stade pour la fête des écoles. À partir des années 1980, le stade se transforme de temps en temps en scène de spectacle accueillant les plus grands artistes internationaux.

Le Stade connaît plusieurs rénovations à partir des années 1970 qui, le plus souvent à l’occasion de grandes compétitions internationales de football, font passer sa capacité de 35 000 à 67 000 places. La piste cycliste disparaît en 1985. Le Stade vélodrome est non seulement le deuxième stade français par sa capacité d’accueil, mais il est aussi l’un des principaux monuments qui identifient la ville de Marseille. Son inscription patrimoniale est renforcée par l’appellation de ses tribunes qui rendent hommage à des figures sportives locales décédées prématurément. La tribune principale est dédiée à Jean Bouin, héros du sport et de la nation tombé au front en 1914. L’autre tribune porte le nom de Gustave Ganay, champion cycliste des années 1920 tandis que le virage nord a longtemps rendu hommage au boxeur Ray Grasse avant de prendre le nom de Patrice de Perreti, fondateur d’un groupe de supporter de l’OM. L’appellation du virage sud dépasse le cadre sportif même si le chevalier Roze a déjà donné son nom à l’un de plus anciens clubs de la ville. Nicolas Roze est en effet l’un de ses nobles qui se sont particulièrement illustrés par leur engagement lors de la peste de 1720, événement traumatique resté dans toute les mémoires. Le Stade vélodrome a par les émotions suscitées en son sein tient aussi une place singulière dans la mémoire collective des Marseillais et des habitants de la région.

 

Bibliographie

Bromberger Christian, Le match de football. Ethnologie d’une passion partisane à Marseille, Naples et Turin, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1995.

Drocourt Daniel, « Le Stade vélodrome, de Marseille deuxième stade de France », revue Marseille, n°184, 1998, p. 69-75.

Durousseau Thierry, « Bonjour Monsieur Ploquin », revue Marseille, n°184, 1998, p. 76-81.

Fancello Patrick, Poggi Michel et Hodoul Marc, II était une fois le Stade-Vélodrome, 1937-1998, Éditions européennes de Marseille-Provence, 1998.

« Générations Vélodrome », La Provence, hors-série 1017, 2016.

Site officiel du stade Orange Vélodrome : https://www.orangevelodrome.com