Le Stade Jean Bouissou (La Ciotat)

Le Stade Jean Bouissou (La Ciotat)

Un nouveau stade à La Ciotat

La construction d’un stade municipal à La Ciotat répond à la demande faite en 1932 du club de football « l’Étoile sportive de La Ciotat » (ESC), qui cherche un nouveau terrain de jeu. Le stade prend le nom de Jean Bouissou, le maire de la ville à ce moment. Ce dernier inaugure le stade en 1933 à l’occasion du match amical opposant l’Olympique de Marseille au Wacker de Budapest. Il s’agit du troisième terrain du club. Auparavant, « l’Étoile » joue depuis 1921 — année de création du club — sur le terrain du « Pré » situé à proximité des chantiers navals ciotadens. Ce terrain avait été acquis en 1918 par la Société provençale de constructions navales (SPCN) qui exploite les chantiers. Son directeur Marie-Paul-Henri Stouvenot met ce terrain à disposition du club de football local jusqu’en 1923. À cette date, la SPCN a besoin de récupérer le terrain pour y implanter les nouveaux projets de la société dans le domaine de l’aéronautique. Le club ciotaden de football déménage par conséquent sur un terrain situé sur le chemin de Marseille à la Campagne Notre Dame loué pour une durée de neuf ans par le président du club, à Blaise Ventre. À l’expiration du bail, l’ESC entreprend son déménagement définitif vers le stade Jean Bouissou situé au boulevard de Clavel. C’est plus exactement dans le lotissement du Clos des Plages, ancienne propriété Lumière, géré par la Société Foncière des Alpes-Maritimes, qu’un terrain de 15 000 m2 est réservé au nouveau stade dans le quartier de « Terre Rousse. »

La période faste du club ciotaden

En 1942, l’ESC devient « l’Étoile sportive et Club Naval de La Ciotat » (ESCNC). Dès lors, la Société des Chantiers navals occupe une place prépondérante dans la gestion du club. Des dirigeants et des joueurs sont issus du personnel. La direction de la société désigne même directement les présidents du club entre 1962 et 1978. Le club est alors florissant et le stade se modernise. En 1958, les anciennes tribunes sont détruites pour de nouvelles, portant la capacité du stade de 600 à environ 900 places à la fin des travaux en 1962.

En 1963, l’ESCNC rejoint le Sporting Club ouvrier des Chantiers navals de La Ciotat qui est affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Elle s’associe également aux activités de plein air proposées par le club Amitié et Nature, puis par filiation à la section basket-ball. Les années 1950-1970 voient le club ciotaden obtenir les meilleurs résultats de son histoire. Lors de la saison 1951-1952 de football, le club atteint les 16e de finale de Coupe de France qu’il perd contre l’OGC Nice, champion de France en titre. Il réédite la performance contre le FC Nantes en 1967 puis contre le Stade saint-germanois en 1969. Trois ans plus tard, il atteint pour la première fois la Deuxième division qui est divisée en plusieurs groupes. En terminant quatrième ex aequo du groupe C, derrière les équipes professionnelles de Strasbourg, Avignon, Toulon et Cannes, le club finit meilleur club amateur de France. De nombreux joueurs de cette période sont issus des différentes corporations des Chantiers navals de La Ciotat (CNC) et sont mis à disposition du club. De plus, d’importantes subventions sont données par les chantiers navals, ce qui favorise les bons résultats sportifs.

Le déclin des chantiers navals

Le choc pétrolier qui survient en 1973 entraîne un ralentissement brutal de la croissance économique. Localement, le secteur de la construction navale est fragilisé. La Société des chantiers navals est contrainte d’effectuer d’importantes économies et décide de licencier environ 1600 personnes. Elle limite également ses engagements extérieurs considérés comme non productifs et notamment dans les clubs sportifs et culturels comme l’ESCNC. Les chantiers navals de La Ciotat ne subventionnent plus le club et tout le comité directeur démissionne.

Pour répondre à la crise, les chantiers navals de La Ciotat s’associent aux chantiers navals de Dunkerque et de La Seyne-sur-Mer qui se regroupent au sein d’une société unique appelée « la société du Chantier du Nord et de la Méditerranée » (la Normed). Cette association tient jusqu’en juin 1986 et l’arrêt des subventions versées par les pouvoirs publics à la Normed, contraignant la société à déposer le bilan. En 1987, les deux derniers navires construits à La Ciotat sont lancés mais le dernier navire est retenu jusqu’au 14 juillet 1989 par une centaine de salariés organisés au sein du collectif des 105 qui proteste contre la fermeture des chantiers navals ciotadens. Un accord conclu en mars 1995 met fin à l’occupation du site.

Le renouveau

À partir de 1979, c’est la ville de La Ciotat qui reprend les rênes du club et Antoine Flary, conseiller municipal en devient président. Le club redevient l’« Étoile sportive de La Ciotat », nom qu’il portait entre 1921 et 1942. Depuis 1979, l’Étoile sportive de La Ciotat alterne entre les divisions régionales et départementales jusqu’à la fusion en 2009 avec le Stade olympique Cassis-Carnoux. Cette fusion permet au club de rejouer à un niveau national en troisième division à l’issue de la saison 2009-2010. Elle prend toutefois fin à la suite du dépôt de bilan du club de Cassis-Carnoux. Le club ciotaden est rétrogradé dans la plus basse division mais rejoint le niveau régional en 2015 et s’y stabilise depuis lors. 

Bibliographie

Baux Alain, Benet Louis, Neulet Gaston et Vence Joseph Édouard, Clubs sportifs du comité d’entreprise des chantiers navals de La Ciotat, La Ciotat, Maison de la construction navale, Nota Bene, 2017.

Multinu Mathieu, Ma vie à l’Étoile sportive, La Ciotat, impression Groupe Horizon, 2011.

Neulet Gaston, Notre Histoire de la construction navale à La Ciotat de 1851 à 2010, La Ciotat, Maison de la construction navale, Nota Bene, 2011.

Tixier Jean-Louis, Livre d’Or de l’Étoile sportive 1921-1993, La Ciotat, Ciotat Impression et A+A Production, 1993.

Maruffi, Stanislas