La course de côte de Nice – La Turbie

La course de côte de Nice – La Turbie

Au XIXe siècle, le sport automobile fait naître de grands évènements qui rythment l’histoire du sport d’abord mondain puis populaire. La course de côte de Nice jusqu’à La Turbie en fait partie, tant éprouvante pour les hommes que pour les moteurs. En quête d’héroïsme, une poignée d’aristocrates s’adonne à un sport en constante mutation. Sous l’œil attentif d’un public ébahi et devant un parterre de journalistes, les bolides s’élancent guidés par des « chauffeurs » intrépides accompagnés parfois par leurs « ingénieurs. »

Cependant, ces nouveaux engins suscitent de fortes résistances psychologiques, souvent des peurs qui conduisent au discrédit. Leur viabilité et leur endurance sont mis en question. À l’époque, l’automobile est paradoxalement perçue surtout comme un sport, non comme un moyen de locomotion, et la compétition devient l’un de ses modes naturels d’expression, synonyme de modernité. Néanmoins, les compétitions préfigurent les grands rallyes automobiles du siècle suivant.

L’Automobile Club de Nice et de la Côte d’Azur : rencontre entre avant-gardistes, mécènes et sportsmen

Premier club créé au monde, le Nice-Vélo-Club (NVC) naît le 26 mai 1896 pour regrouper les pionniers azuréens passionnés par l’automobile. Il prend le nom d’Automobile Vélo Club de Nice (AVCN) à la suite de l’organisation de la course Marseille-Nice-Monaco de janvier 1897.
Le 16 avril 1900, il prend définitivement le nom d’Automobile Club de Nice et de la Côte d’Azur (ACNCA) Dès ses débuts, le club profite de la présence sur la Côte d’Azur des hivernants fortunés, principalement des Britanniques et des Russes. Durant cette première période, les membres du club sont des passionnés avant-gardistes, mais aussi des mécènes et des sportifs accomplis. On dénombre déjà sur le littoral azuréen près de 25 automobiles. C’est le temps des premières courses automobiles, à l’image de Paris-Rouen ou Paris-Bordeaux en 1896.

Des « machines » à l’épreuve

L’histoire retient que le premier événement organisé dans le Sud-Est de la France est la course par étapes, Marseille-Nice-La Turbie à laquelle 29 voitures et 10 motocycles participent en 1897. Départ arrêté, elle est considérée comme la plus ancienne course de montagne organisée au monde.
Aux commandes de bolides fabriqués par De Dion, Peugeot, Panhard-Levassor, Mercedes, les concurrents, des « chauffeurs », s’élancent, moteurs pétaradants au milieu d’une foule de passionnés et de journalistes, soucieux de couvrir l’évènement le plus fidèlement possible. La presse se fait l’écho de ces courses automobiles qui attirent tout le gratin de la société azuréenne.

Démarrant depuis le centre de Nice, le tracé de la course emprunte la Route de Gênes (aujourd’hui la Grande Corniche), puis passe devant l’Observatoire pour se terminer à l’entrée de La Turbie. La dernière partie de la course est la plus redoutée car l’inclinaison de la route est éprouvante pour les moteurs.
Certains équipages, munis de glace, doivent en effet soulager les moteurs pour éviter l’abandon. Parmi les vainqueurs, un certain André Michelin, pilotant un tracteur à vapeur De Dion, s’illustre avec une moyenne de… 32 km/h. À l’époque, la confrontation vapeur-pétrole est au cœur des discussions des ingénieurs, affairés autour des voitures. Ainsi, la technique et le sport automobile donnent naissance à des engins en quête de robustesse, puis de rapidité.

La Course de côte Nice-La Turbie, disputée entre fin mars et début avril avant-guerre, et exceptionnellement début août en 1937 et 1938, inaugure la saison européenne de courses de côte sous le haut patronage de l’Automobile-Club de Nice et de la Côte d’Azur.

La course de tous les dangers

L’Automobile Club continue à organiser l’événement que le ministère de l’Intérieur tente de règlementer. Les constructeurs, désireux de prouver la qualité de leurs modèles et de mettre à l’épreuve leurs innovations techniques s’appuient sur des sportsmen prompts à relever des défis. Tous participent avec enthousiasme à ces courses qui ne sont pas dénuées de dangers que ce soit dans les rangs des spectateurs ou parmi les concurrents.

Le 1er avril 1903, un évènement tragique se produit sur la Route de Gênes. Le Comte Elliott Zborowski (Zabriskie de son vrai nom) s’élance vers la montée et perd le contrôle de l’automobile emportée par sa vitesse. Il se tue sur le coup au volant de sa Mercedes n°15 et blesse grièvement son mécanicien et copilote le Marquis de Pallanges. Selon Le Petit Niçois, une cartomancienne consultée par le comte Zborowski, quelques jours avant l’épreuve, lui aurait prédit un destin funeste. Fatalité ou virage dangereux, le pilote Bauer, engagé par le baron de Rothschild, avait trouvé la mort au même endroit trois ans auparavant.
Cet épisode suscite dans la presse niçoise une certaine circonspection voire des critiques acerbes, considérant ce type de courses comme « ineptes, dangereuses et inutiles ». Le journaliste Paul Declans, insiste sur le fait qu’au lieu de « chercher à perfectionner la robustesse, la solidité, le côté utilitaire de la voiture à pétrole, on n’a visé qu’une chose : la vitesse, toujours la vitesse, rien que la vitesse. »

De 1904 à 1908, la course jugée trop dangereuse est suspendue par l’autorité préfectorale. Au lendemain de la guerre, malgré les destructions, les adeptes se retrouvent sur un circuit improvisé situé à l’ouest de Nice au Bois de Boulogne. Talbot, Bugatti, Delahaye ne peuvent y aligner que des voitures anciennes.
Finalement, de cette course de côte, Nice-La Turbie, que reste-t-il au patrimoine sportif azuréen ? Une borne située au pied du boulevard de la Grande corniche rappelle le souvenir de la course tandis qu’une plaque commémorative, honore la mémoire du Comte Zborowski.

Le stade Roumagoux (Oppède)

Le stade Roumagoux (Oppède)

Depuis 1938, le stade Roumagoux d’Oppède est l’épicentre du football vauclusien. Niché au pied du Luberon, il accueille chaque année la finale de la Coupe Roumagoux, fondée par le Sporting Club d’Oppède. Depuis sa création, le stade accueille pour la finale une affluence moyenne supérieure à un millier de spectateurs. Comment ce modeste stade du petit village d’Oppède a-t-il pu devenir un lieu de ferveur et de mémoire populaires du football vauclusien ? Il doit son nom au député-maire Eugène Roumagoux, médecin du village d’Oppède, mécène et bienfaiteur du club de football local. L’histoire de ce stade raconte d’une certaine manière une histoire par le bas du football vauclusien.

Eugène Roumagoux, un député-maire radical-socialiste passionné de football

Dans la lignée de la politique sportive municipale entreprise par Edouard Herriot, maire radical-socialiste de Lyon, des édiles radicaux-socialistes vauclusiens soutiennent le club de football de leur localité, notamment par le financement de l’aménagement d’un stade. En 1931, après la fondation du Sporting Club d’Oppède, Eugène Roumagoux, finance la construction d’un stade sur un terrain agricole acquis par la municipalité, qu’il dirige depuis le lendemain de la Première Guerre mondiale. Né le 13 décembre 1877 à Trets, il est médecin généraliste de formation. Impliqué très tôt dans la vie politique locale, il devient successivement conseiller général du canton de Bonnieux en 1913 puis maire d’Oppède en 1919. En 1921, il est nommé vice-président de l’assemblée départementale de Vaucluse, puis il est élu député de Vaucluse en 1928 et siège aux côtés de son ami Edouard Daladier. En tant que maire et mécène, il permet au village de se doter d’un stade municipal — c’est le premier village du département à posséder un stade municipal — qui porte son nom dès 1931 et qui est considéré « comme le plus beau stade du département si ce n’est pas de la région » selon le secrétaire de l’Union régionale corporative agricole en 1943.

Un stade témoin de la popularisation du football dans les villages du Luberon dans l’entre-deux-guerres

Au début du XXe siècle, le vieux village perché d’Oppède connait un abandon progressif par sa population. Elle quitte peu à peu l’âpre rocher, long à gravir après les travaux pénibles des longues journées pour s’établir dans la plaine, au milieu des cultures. Le village perché est mort mais non la communauté, amoindrie certes, qui se regroupe au hameau des Poulivets. C’est à quelques centaines de mètres de ce nouveau centre villageois avec sa mairie, son école, son monument aux morts qu’est aménagé le stade Roumagoux. Il témoigne de la diffusion du football dans les villages de la vallée du Calavon dans l’entre-deux-guerres. Cette diffusion est le corollaire de la progressive modernisation de l’agriculture vauclusienne. Les paysans sont largement majoritaires à la fois dans les premiers comités directeurs du Sporting Club mais aussi dans ses premières équipes.

Du moto-ball au football. Un haut lieu du sport vauclusien dans les années 1930

En 2017, Marc Martinet, président du district Grand Vaucluse, avertit, dans les colonnes de La Provence, que « la Roumagoux, c’est l’histoire du Vaucluse ». À l’origine, la Coupe du docteur Roumagoux est un objet d’art d’une valeur de 500 francs remis au gagnant du match de moto-ball entre le Moto-Club d’Avignon et le Racer de Carpentras, deux des meilleures équipes françaises respectivement championnes de France 1934, 1935 et 1937 et finaliste du championnat de France en 1936, à l’occasion de la fête annuelle du SC Oppède organisée au stade du docteur Roumagoux. Le Racer de Carpentras, champion de France en 1938, remporte 3 fois consécutivement la Coupe Roumagoux de moto-ball et se l’adjuge définitivement en 1939.
Le 25 juin 1938, par une décision du conseil d’administration du SC Oppède, la Coupe docteur Roumagoux, dénommée ainsi « en reconnaissance des services rendus aux sports par son Président d’Honneur » selon La Gazette sportive, devient une compétition officielle de football. Le grand succès populaire que constitue la Coupe du monde de football de la FIFA organisée en France entre le 4 et le 19 juin 1938 entraine la transformation de cette compétition sportive. Rapidement homologuée par la Commission technique des règlements et pénalités du District de Provence le 26 juillet 1938, elle est ouverte aux clubs non suspendus du District de Provence de 5e, 4e, 3e et 2e divisions, ainsi qu’à ceux qui ne disputent pas les championnats et dont le siège social se trouve dans le département de Vaucluse, sauf le canton de Valréas, et dans un rayon de 40 kms d’Oppède à vol d’oiseau dans les Bouches-du-Rhône. Cette géographie de la compétition épouse une grande partie de l’espace vécu du football vauclusien, qui ne se restreint pas aux limites administratives du département, espace qui s’étend entre le Comtat, la vallée du Rhône, le Luberon et la vallée de la Durance jusqu’aux Alpilles, rassemblant des clubs des départements du Vaucluse, du Gard et des Bouches-du-Rhône.

Le stade Roumagoux, lieu de mémoire du football vauclusien depuis la fin des années 1930

À l’image de la finale de la Coupe de France, véritable « fête nationale du football français » (Paul Dietschy, 2007), le stade Roumagoux devient le lieu de la fête départementale du football vauclusien. Il rend compte de la diffusion de certaines valeurs du modèle républicain dans le football jusqu’à aujourd’hui. Calquée sur la Coupe de Provence, elle-même calquée sur la Coupe de France, la Coupe du docteur Roumagoux se distingue par la volonté de préserver l’égalité des chances des petits clubs. Dans le cadre de la Coupe de Provence, les petits clubs des villages vauclusiens ne parviennent que très rarement à se hisser au niveau des équipes marseillaises et sont souvent rapidement éliminés. Face à ce constat, les dirigeants du SC Oppède veulent s’inspirer de ces compétitions, qui illustrent parfaitement le principe de la promotion républicaine « d’une société en progrès où l’ascension sociale individuelle d’abord, la démocratisation ensuite constituent le destin promis à tous » (Paul Dietschy, Ibid.), un principe qui propose « un modèle attractif pour toute une fraction de la société » afin de permettre à la masse des footballeurs vauclusiens de vivre une foule d’émotions que peut procurer ce type de compétition à élimination directe. En outre, elle doit permettre aux plus humbles animés par leur volonté et les valeurs de l’amateurisme de pouvoir atteindre le succès suprême et recueillir la gloire qui rejaillit sur le vainqueur. En raison du retard certain du football dans de nombreux centres urbains vauclusiens, elle devient un lieu où s’exprime cet idéal méritocratique s’idéalisant dans la revanche des « petits » contre les « gros », des villages contre les villes, des petits villages contre les gros villages.

Romain Gardi

Bibliographie

Dietschy, Paul, « La Coupe de France “fête nationale du football français” dans l’’entre-deux-guerres » in GOUNOT André (dir.), JALLAT Denis (dir.) et CARITEY, Benoît (dir.), Les Politiques au stade : Étude comparée des manifestations sportives du XIXe au XXIe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 95-109.
Gardi, Romain, À l’ombre de l’Olympique de Marseille. Histoire sociale et culturelle du football en Vaucluse de la fin du XIXe siècle au début des années 1980, thèse en cours sous la direction de Natalie Petiteau et Marion Fontaine, Avignon Université.
Monier, Frédéric, La Politique des plaintes. Clientélisme et demandes sociales dans le Vaucluse d’Edouard Daladier (1890-1940), Paris La Boutique de l’Histoire, 2007.
Monier, Jean-Pierre, Le Rendez-vous d’Oppède, Jonquières, Sporting Club Jonquiérois, 1988.

Le Golf de Cannes Mandelieu

Le Golf de Cannes Mandelieu

Le golf de Cannes -Mandelieu est le plus ancien des golf-clubs de la Côte d’Azur qui soit toujours en activité. À ses débuts il est simplement appelé le Cannes Golf Club. Il n’y avait aucune ambiguïté : il est le seul ! C’est le premier à être créé par un non Britannique, très précisément un Russe : le grand-duc Michel Mikhaïlovitch qui en le président jusqu’à son décès en 1929 à Londres.

En France, il ne reste plus que trois parcours qui soient plus anciens : Pau (1856), Biarritz (1888) et Dinard (1890).

Le golf au centre des mondanités azuréennes

Le premier parcours du golf de Cannes est établi en décembre 1891 sur la plaine de Saint-Cassien. Mais le terrain est morcelé : il y a trente-six propriétaires, ce qui fait dire à l’époque au golfeur anglais Horace Hutchinson, qui reprend l’expression de Frédéric William Mariassy, auteur en 1894 du premier livre sur le golf en France, qu’il y en a trente-cinq de trop ! Il s’agit donc de trouver un autre endroit.

Dès l’année suivante, on découvre un terrain plus propice. Le club est alors établi à l’endroit que nous connaissons aujourd’hui. Il y avait là une grande ferme qui sera transformée en club-house. Mais dès l’année suivante, pour la saison 1893-1894, l’architecte Léon Nouveau modifie son aspect extérieur en y ajoutant des colombages qui lui donneront cet aspect que certains qualifient de normand.

Pour montrer, s’il en était besoin, la puissance du président de ce club de golf, il faut signaler que si La Napoule possède aujourd’hui une station de train, c’est grâce au grand-duc Michel qui l’inaugure, en 1893, pour faciliter la venue des Hivernants au club de golf. Très prisé de ces Hivernants qui viennent en villégiature sur la Côte d’Azur, le golf club ouvre ses portes le 1er novembre, pour les fermer à Pâques. Face à un tel engouement, le golf de Cannes offre très rapidement un parcours de 18 trous plus un autre de 9 trous. Ce dernier a été pendant quelques années réservé aux dames.

Un haut-lieu de la compétition

En 1904 et 1905, une grande compétition se joue entre Cannes et le Royal Liverpool Golf-Club (situé à Hoylake). C’est la première grande compétition internationale par équipe qui se joue en deux temps : un aller à Cannes et un retour à Hoylake.

En 1906, sous la direction du colonel Woodward, Honorary Secretary du club, le tracé initial du routing (l’espace allant du tee de départ jusqu’au green où se trouve le trou proprement dit) est modifié pour le rendre plus long et accueillir, l’année suivante « le grand tournoi de Cannes ». Depuis cette date le parcours a gardé son esprit, même si quelques trous ont été déplacés.

Si on a pu attribuer au golfeur Harry Shapland Colt, ancien capitaine de l’équipe de l’Université de Cambridge, architecte de nombreux parcours en Grande-Bretagne et sur le continent européen, le dessin du parcours de Cannes Mandelieu, c’est en réalité le colonel Woodward, membre du club cannois, qui en est l’auteur. Il est toutefois vraisemblable que Colt ait suggéré quelques ajustements vers 1910.

On ne peut pas parler du Cannes Golf Club, sans dire quelques mots du « grand match de 1907 ». C’est le grand-duc Michel qui en a l’idée. Passant de longs moments en été à St Andrews et à North Berwick, centres éminemment golfiques, il y rencontre tous les grands champions de l’époque. Douze des plus grands champions du moment sont alors invités pour participer à une compétition richement dotée. Parmi les joueurs on peut voir, outre le grand triumvirat britannique (Vardon, Taylor et Braid) un Français : Arnaud Massy. Formé à North Berwick et déjà réputé en Grande-Bretagne, ce basque obtient, quelques mois plus tard, une immense renommée en remportant le British Open, que l’on appelle à l’époque le Championnat du monde. Aucun Français n’a réussi à égaler cet exploit. Lors du tournoi de Cannes, il remporte la compétition en « simple » mais aussi celle en « double ».

Un leadership en déclin

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des difficultés apparaissent. La révolution bolchévique de 1917 ruine bien des membres du club. Le grand-duc Michel n’a plus les moyens de son rang mais George V, le roi d’Angleterre, lui apporte son aide. Il devient rapidement irascible et, s’il garde la présidence du club jusqu’à sa mort en 1929, c’est le grand-duc Cyrille à la tête d’un petit groupe de personnalités, qui assume le parrainage du club. Rapidement, les deux personnages essentiels dans la vie du club seront alors, jusqu’en 1933, l’amiral Wester Wemyss, premier lord de l’amirauté signataire pour le compte de la Grande-Bretagne de l’armistice de 1918, puis Lord Derby ancien ambassadeur de la couronne britannique disposant comme beaucoup de ses riches compatriotes d’une villa à Cannes. À noter que ce dernier sera également l’un des membres fondateurs du golf de Mougins – et son deuxième président.

D’autres personnalités sont intimement liées au golf de Cannes à l’image de Nicolas Popoff pionnier de l’aviation qui effectue, en 1910, lors du meeting d’aviation de Cannes (juste avant celui de Nice) la traversée aller-retour entre Cannes et les Iles de Lérins. Après la révolution bolchévique, ruiné, il sera le starter au golf de Cannes. Avant de se suicider aux bains-douches de la ville, il publie un livret sur l’étiquette au jeu de golf, illustré par Stollesky.

C’est au lendemain de la guerre, plus exactement en janvier 1922, que le club sera témoin d’un « match » entre les ministres des Affaires étrangères Aristide Briand et Lloyd George, lors de la Conférence dite de Cannes, qui réunit les pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale pour discuter des dommages de guerre que doit payer l’Allemagne. En vérité, ce n’est pas un match, Briand n’avait jamais joué au golf. Ce n’est qu’une initiation – ou même une simple découverte – que lui offre Lloyd George. Mais cette partie de golf restera dans les annales, car elle vaudra à l’opposition de dire que « Lloyd George donnait une leçon à Aristide Briand » lorsqu’il fallut à ce dernier un quart d’heure pour se sortir d’un bunker, sous les risées de tous les présents. Même si la portée de cette anecdote a été exagérée, le président du Conseil doit démissionner, mettant ainsi fin à la conférence de Cannes.

D’un club essentiellement mondain, le club est devenu plus sportif qu’il ne l’était et de grandes compétitions internationales vont s’y dérouler. On citera par exemple le championnat Omnium de la Côte d’Azur.

Bibliographie

Hutchinson, Horace, British Golf Links, J.S. Virtue & Co, London, 1897.

Kazmierczak, Jean-Bernard, Le Cannes-Golf Club dit Cannes Old-Course, à paraître.

Mariassy, Fréderic William, Le Golf en Angleterre et les golfs club de France, Cannes, Robaudy, 1895 [1894].

Popoff, Nicolas, Golf Etiquette, Paris, 1928.

Voir aussi les très nombreux journaux de l’époque, en France, essentiellement Le Littoral. Tous les journaux britanniques ont consacré de longs articles ; la liste est trop longue pour qu’ils puissent être cités.

Les falaises de Mouriès

Les falaises de Mouriès

La petite ville de Mouriès dans les Bouches-du-Rhône accueille de nombreuses activités physiques et sportives. Son imposant golf de 18 trous donne sur le beau paysage des Alpilles à deux pas de Saint-Rémy-de-Provence et des Baux-de-Provence. Mouriès est aussi connue pour ses falaises situées au nord de la ville à proximité du site archéologique de l’oppidum des caisses de Jean-Jean. Ces falaises sont aujourd’hui fréquentées par les promeneurs ainsi que les grimpeurs qui s’adonnent à l’escalade libre sur les faces sud et nord de la barre rocheuse.

Les premières voies d’escalade à Mouriès

La démocratisation de l’escalade libre dans les années 1970 ainsi que l’amélioration des techniques de grimpe et de l’équipement poussent les grimpeurs à trouver de nouveaux terrains de jeux. Ainsi à la fin des années 1970 et au début des années 1980, de nombreuses falaises commencent à être équipées de spits – un système d’ancrage à la paroi sur lequel est fixé une plaquette métallique percée où l’on peut passer un mousqueton.

En Provence, les sites d’escalade se multiplient et varient selon la difficulté malgré la réticence de certaines municipalités interdisant dans un premier temps la pratique de l’escalade (comme à Buoux et Mouriès en 1980). Au cœur des Alpilles, les falaises de Mouriès sont équipées au début des années 1980 par quelques grimpeurs réputés, tels Laurent Jacob et les frères Le Menestrel, qui signent le Manifeste des Dix-neuf rejetant la compétition d’escalade, ou encore Serge Jaulin qui leur aurait fait découvrir la falaise selon la « légende » contée par Marco Troussier dans le topo, le guide descriptif du site d’escalade.

Le premier équipement des voies est sommaire, les « spits de 8 », utilisés pour la spéléologie, sont posés manuellement à l’aide d’un tamponnoir et sont très espacés. Cette sécurité précaire n’empêche pas les plus vaillants de partir à l’assaut de la falaise qui impressionne les grimpeurs. L’escalade à Mouriès est très technique.

Plus verticale que la face sud, la face nord et ses innombrables prises techniques, appelées « réglettes » ou encore des « mono-doigts », subjuguent ceux qui bouleversent la « scène étroite de l’escalade sportive française » (Marco Troussier, 2010).

La face nord : terrain de jeux et terrain d’exploits

Les premières plaquettes de 8mm cèdent rapidement leur place au profit des plaquettes de 10mm. La falaise est dans le même temps divisée en secteurs suivant leur géographie ou encore leur niveau de difficulté. Ainsi, les secteurs sont baptisés « Mur du singe », « En voiture Simone », « Java », « 4 pas dans l’Étrange » ou bien « Bout du monde ». Ils servent de repère pour les escaladeurs qui peuvent, à partir de 1984, acheter le premier topo de Serge Jaulin.

Les falaises de Mouriès sont désormais réputées. Ils sont nombreux à venir parfaire leur technique sur le calcaire des Alpilles. Les progrès des grimpeurs sont accompagnés des progrès techniques des équipementiers. L’entreprise Béal, créée en 1950, produit les cordes utilisées par les grimpeurs. Plus récente, l’entreprise Petzl développe divers équipements pour les escaladeurs. Cette conjoncture permet alors la réalisation de nombreux exploits à Mouriès où la difficulté est de plus en plus importante. La difficulté des voies d’escalade est cotée suivant une échelle allant de 5 à 8, agrémentée d’une lettre a, b ou c et parfois d’un + (aujourd’hui, les meilleures cotations d’escalade atteignent le 9c).

À l’été 1985, Marc Le Ménestrel parvient à équiper une voie cotée 8a+ à Buoux dans le Luberon. Il baptise cette voie « Chouca » du nom de sa chienne. Durant le mois d’août 1985, il poursuit sa route dans le sud de la France et prend ses quartiers à Mouriès. Il équipe et réalise alors « Le fluide enchanté », le troisième 8b au monde après celui qu’il a réalisé avec « Les mains sales » sur la face ouest du site d’escalade de Buoux dans le Vaucluse quelques jours plus tôt. Marc Le Ménestrel est alors au sommet de l’escalade mondiale uniquement devancé par le célèbre grimpeur allemand Wolfgang Güllich.

Mouriès est alors le théâtre de grandes performances faisant de ce site un haut-lieu de l’escalade sportive et une vitrine de l’escalade française. L’année suivante, Michel Béal, directeur de l’entreprise du même nom, décide alors d’organiser un événement à Mouriès dans le but de promouvoir son matériel. Cet événement, qui se tient les 26 et 27 avril 1986, confirme l’ascension de la marque de cordes qui est le premier fabricant mondial depuis 1986.

Cependant, l’année 1986 sur le calcaire de Mouriès, reste gravée dans les mémoires grâce à un exploit sportif féminin. Catherine Destivelle, alors grimpeuse très médiatisée depuis sa victoire à l’occasion de l’une des premières compétitions d’escalade européenne à Bardonecchia en Italie, le 7 juillet 1985, devient la première femme à réussir un 8a en réalisant « Fleur de rocaille » à Mouriès (à cette époque, les meilleures performances masculines atteignent le 8b+). Cet exploit ébranle le monde de l’escalade et des voix s’élèvent pour remettre en cause la performance de la grimpeuse. Sous la pression d’un milieu misogyne largement dominé par les hommes, la voie est décotée en 7c+. Aujourd’hui encore la voie n’a pas retrouvé sa cotation initiale néanmoins de nombreux grimpeurs gardent à l’esprit cette performance majeure. Le topo de Serge Jaulin précise alors que « Fleur de rocaille » est « le 7c+ le plus 8a des Alpilles » !

Le site d’escalade de Mouriès est alors désormais bien installé et connu des amoureux des falaises. Les voies sont rééquipées pour rehausser les exigences de sécurité par des grimpeurs dévoués tels que Serge Jaulin ou Bruno Fara, puis le comité départemental des Bouches-du-Rhône de la Fédération Française Montagne Escalade (FFME) lance un vaste plan dans le but de rééquiper les voies au début des années 1990.

À cette époque, les sites d’escalade sont nombreux dans la région et Mouriès n’est plus le lieu tant fréquenté de la décennie précédente. Néanmoins, Mouriès garde l’attrait des grimpeurs malgré le goût naissant pour le « bloc » et les falaises inclinées et déversantes. C’est à l’été 1998 que la pratique de l’escalade à Mouriès connaît un coup d’arrêt. Un incendie atteint la falaise au début de l’été rendant impraticables les voies d’escalade au tournant du XXIe siècle.

Le retour de l’escalade à Mouriès

La pinède près de la falaise partie en fumée, les escaladeurs se retrouvent orphelins des fameux secteurs qui ont fait la renommée de l’escalade à Mouriès. Pourtant, ils continuent d’y venir pratiquer. Les voies sont rééquipées petit à petit et les grimpeurs redécouvrent le « paradis de la règle et du mono-doigt » pour Marco Troussier. Si le célèbre grimpeur Chris Sharma vient à Mouriès en 2015 pour se frotter à « Magie blanche », une voie cotée 8b+, les falaises de Mouriès ne sont plus le haut-lieu de la grimpe qu’elles ont pu être dans les années 1980 car désormais les champions franchissent la barre du 9e degré de cotation. Loin du manifeste des Dix-neuf de 1985, la discipline devient olympique en faisant son entrée aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 et les compétiteurs s’éloignent des falaises de Mouriès, devenues un haut-lieu du sport-loisir.

La démocratisation de l’escalade s’accompagne d’un grand souci des grimpeurs pour la nature. Ces derniers cherchent désormais à respecter les zones naturelles et les règlementations autour des sites naturels. Le massif des Alpilles devient parc naturel régional en 2006 et fait partie du réseau Natura 2000. Considéré comme un haut-lieu patrimonial pour sa faune et sa flore, les Alpilles accueillent les grimpeurs soucieux de cohabiter avec l’environnement qui les entourent. Ainsi, dans le dernier topo publié, regroupant les sites d’escalade des Alpilles, une page est consacrée au Vautour Percnoptère qui fait, avec d’autres espèces, l’objet d’une attention particulière au sein du PNR des Alpilles en vue de sa conservation dans le sud-est de la France.

Les falaises de Mouriès, au cœur du Parc naturel régional des Alpilles, sont aujourd’hui un haut-lieu de l’escalade. Cet inépuisable terrain de jeu pour grimpeurs conserve toute son importance et est parvenu à s’imposer comme vitrine de l’escalade libre au niveau mondial.

Bibliographie

Chabrol, Jean-Paul, « Une brève histoire de l’escalade dans les Bouches-du-Rhône » [Url : https://www.academia.edu/42279111/Histoire_escalade_BDR_vuJPB].

Groupe archéologique de Mouriès, « L’oppidum des caisses de Jean-Jean », dans Comité départemental des Bouches-du-Rhône de la FFME, Escalade. Les Alpilles, FFME, 2010, p. 120.

Troussier, Marco, « Dernières nouvelles du Vieux monde », dans Comité départemental des Bouches-du-Rhône de la FFME, Escalade. Les Alpilles, FFME, 2010, p. 78-79.

Troussier, Marco, « Mouriès… et autres plaisirs minuscules », dans Comité départemental des Bouches-du-Rhône de la FFME, Escalade. Les Alpilles, FFME, 2010, p. 110-111.

Yolka, Philippe, « Les restrictions à l’usage des sites », dans Yolka, Philippe (dir.), Escalade et droit, Grenoble, PUG, coll. « Droit et action publique », 2015, p. 75-90.

Zenasni, Audrey, « Le Vautour Percnoptère », dans Comité départemental des Bouches-du-Rhône de la FFME, Escalade. Les Alpilles, FFME, 2010, p. 139.

Sitographie

La présentation de Mouriès sur le site internet de Bruno Fara : http://bfara.free.fr/Accueil/Ecoles/Mouries/page_mouries01.htm

La base nautique du Roucas Blanc

La base nautique du Roucas Blanc

Au XIXe siècle, Marseille offre toutes les commodités qui conviennent à la bourgeoisie locale. Un hippodrome est ouvert en 1860 sur les marais du Prado asséchés en 1847. À partir de 1875, les Grands bains du Roucas Blanc accueillent une clientèle aisée qui fait construire de somptueuses villas sur les hauteurs. En 1880, le Casino de la plage ouvre ses portes au Prado. Le long du littoral, des plages, dont certaines ne sont accessibles qu’en automobile, permettent aux plus riches de s’adonner aux plaisirs des bains de mer. La cité phocéenne est également un lieu très prisé des plaisanciers. En 1860 la Société des régates marseillaises est créée puis, en 1887, des yachtsmen fondent la Société nautique de Marseille.
Dans les années 1970, le littoral marseillais, étroit surtout dans la partie sud de la rade, n’est plus adapté à l’évolution, notamment quantitative, des loisirs balnéaires.

Aménager le littoral sud

En 1965, un architecte, René Egger, parvient à convaincre Gaston Defferre, maire de Marseille, de réhabiliter la zone du Roucas Blanc. L’architecte suggère également de créer un véritable espace balnéaire au sud de la ville entre la pointe du Roucas et la Pointe rouge.

Entre 1970 et 1974, trois projets sont élaborés. Le premier prévoit la création de plages artificielles, de commerces et un programme immobilier d’envergure. Les plans sont corrigés pour éviter une urbanisation démesurée. Un troisième projet est élaboré qui préserve les paysages : la construction de bâtiments est abandonnée au profit d’espaces verts et de zones de détente. Cette version est plébiscitée par les Marseillais. Les travaux engagés sont titanesques. Il faut dépolluer les eaux de l’Huveaune et du Jarret, remblayer pour gagner plus de soixante-dix hectares sur la mer. Des buttes et des digues sont érigées pour protéger les aménagements du mistral et des fortes houles. En 1972, la municipalité dénonce le bail de l’hippodrome Borély pour implanter un terrain d’aviation devant accueillir des touristes fortunés (le projet est abandonné). Le coût total des aménagements est estimé à 180 millions de francs à la charge des pouvoirs publics et plus du triple apporté par le secteur privé.

L’aménagement du Roucas Blanc débute en 1973. Quatre années sont nécessaires pour élargir la bande côtière et agrandir les bassins du port (terminés en 1975), rénover le centre de voile, implanter un complexe de plaisance, une école de plongée, une piscine, deux larges plages, des aires de jeux, des parkings, des cafés, des commerces. Les travaux au Prado, démarrent, eux, au printemps 1974. Ce nouvel espace balnéaire, dont la fréquentation dépasse le million en 1981, séduit les Marseillais et répond à l’objectif de brassage social voulu par Gaston Defferre. En 1982, la dernière tranche du chantier est entamée. 20 hectares entre l’Huveaune et Pointe-Rouge sont gagnés sur la mer et quatre plages créées.

La création du centre international de voile

Bien avant les aménagements du littoral, des projets de construction d’un centre de voile au sud de Marseille avaient été imaginés. Une esquisse est présentée le 27 mai 1960 devant le Conseil municipal, les services départementaux de la Jeunesse et des sports, le comité départemental de la construction scolaire. Il s’agit de transformer l’école primaire du Roucas en centre nautique comprenant un hébergement (84 lits organisés en dortoirs), un réfectoire servant également de salle d’animation, des cuisines, un bureau d’accueil, une salle de cours et des logements de fonction pour le directeur et l’économe. Le projet fait l’objet de modifications portant sur la hauteur du bâtiment pour ne pas gêner la vue sur la mer depuis la route de la corniche, la sécurité dans les locaux et enfin le confort des dortoirs (fig.).

À l’extérieur des plans inclinés pour la mise à l’eau des dériveurs, des quais pour l’amarrage des embarcations de sécurité et un hangar à bateaux sont prévus. Un bassin de 6 hectares permet l’apprentissage de la voile à l’abri des vents forts. Le Maire souhaite que les constructions « s’inscrivent de manière heureuse dans le cadre de l’élargissement de la corniche ». Le centre nautique doit profiter à tous les Marseillais et ce, tout au long de l’année, car « le SN Marseille n’offre que peu de ressources aux jeunes gens désirant pratiquer la navigation à voile ». Dans les années 1960, seule l’Union nautique marseillaise propose un apprentissage de la voile. La construction du centre nautique répond aux politiques nationales de développement du plein air voulues par le Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports qui le subventionne pour partie.

Des activités d’initiation à la voile

Le centre international de la voile (ou centre municipal de voile) entre en service en 1965. La municipalité veut « inscrire la voile dans un contexte local et surtout de faire du centre de voile l’un des plus importants centres nautiques internationaux ». L’objectif assigné au centre est à la fois sportif et éducatif ; il s’agit « d’initier, perfectionner et surtout préparer les jeunes à la pratique de ce sport captivant mais aussi dangereux pour ceux qui n’ont pas les connaissances maritimes essentielles ». La ville veut faciliter l’accès à ce sport au plus grand nombre.

En 1972, le centre de voile dispose d’une flottille conséquente composée de 121 dériveurs qui lui permet d’organiser des stages d’initiation ou de perfectionnement, le plus souvent en internat. Ces activités sont encadrées par 7 moniteurs permanents, 15 saisonniers et par des personnels Jeunesse et sport ou des bénévoles des associations locales de voile. Quel que soit le public (enfants, adultes, scolaires, vacanciers, des déficients visuels), la pratique de la voile domine : 5 heures de navigation par jour auxquelles s’ajoute 1 heure de cours théorique le soir. Des stages sont prévus pour le personnel des grands groupes industriels implantés à proximité du centre de voile.

Une activité toute l’année

En dehors des vacances scolaires, le centre organise des classes de mer à destination des écoles de la ville, du département ou des autres régions de France. L’encadrement comprend, outre l’instituteur de la classe, 2 éducateurs plein air recrutés par le Département et 2 moniteurs de voile rémunérés par la ville. Les services académiques interviennent sur le plan pédagogique. La Ville subventionne très largement les classes de mer : seuls 5 francs par jour restent à charge des parents.

En septembre 1972, le centre international de voile devient centre permanent de classe de mer (fig.). Une institutrice y est détachée par le ministère de l’Éducation nationale. Le centre s’affilie à l’association départementale des centres permanents de classes de mer présidé par Gaston Defferre et dans laquelle siège l’Office central de la coopérative des écoles, les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives (Céméa), le syndicat national des instituteurs, le Centre régional de documentation pédagogique (CRDP), l’association des Pupilles de l’enseignement public (PEP) et la Fédération française de yachting à voile (FFYV). Des tiers temps pédagogiques sont alors mis en place en plus des classes de mer.

Les archives des années 1970-1980 mettent l’accent sur les activités de formation, l’accès de la voile pour tous, le projet social dans lequel s’inscrit cette école de voile et plus largement le réaménagement de l’espace balnéaire situé au sud de Marseille, mais le centre nautique du Roucas Blanc a également comme vocation d’organiser de nombreuses et prestigieuses régates. À titre d’exemple, pour les périodes les plus récentes, la marina a accueilli en 2002, les Jeux mondiaux de la Voile, en 2018 et 2019 la finale de la coupe du monde de voile (sur des bateaux de séries olympiques), en 2018, la finale des championnats du monde de voile jeunes. Et, sans oublier, bien sûr l’organisation des futurs Jeux olympiques de 2024, puisque le site du Roucas Blanc a été retenu pour accueillir les épreuves de voile.

Bibliographie

Hubert Poilroux, Marseille et sa plaisance, Paris, éditions maritimes et d’outre-mer, 1982.

Guy Daher, « La plage du Prado, une histoire de sable et de vent », Marseille. Revue culturelle, n°178, 1996, p. 63-71.

La pelote à Grasse

La pelote à Grasse

Sport souvent identifié au pays basque, le jeu de pelote est aussi pratiqué dans la région Sud PACA, avec des clubs et des frontons localisés dans l’ouest des Alpes Maritimes (ancienne partie orientale du département du Var jusqu’en 1860) comme à Villeneuve-Loubet, La Colle-sur-Loup, Tourrettes-sur-Loup, Châteauneuf de Grasse ou Mougins. Mais c’est à Grasse que ce sport a connu un important développement, devenu un véritable patrimoine de la « cité des parfums ».

Plan de Grasse, un fronton dans le paysage dès 1878

Dérivée du jeu de paume largement pratiqué par les élites parisiennes avant la Révolution de 1789, la pelote provençale se développe vers la fin XVIIIe siècle dans le sud de la France. Elle apparaît en Provence sous l’impulsion du comte de Mirabeau, Honoré Gabriel Riqueti (1749-1791) figure de la vie politique française installé en Provence, notamment à Aix où un célèbre cours porte son nom. Lorsqu’il venait en villégiature dans les environs de Mouans-Sartoux, il pratiquait régulièrement cette activité distinguée jusqu’à convertir des autochtones qui l’adapteront à leur manière. En effet, les usages évoluent et les pratiquants s’essaient à des variantes et commencent à jouer contre des murs. La pelote provençale apparaît ainsi, se jouant à main nue ce qui en fait une spécificité locale, en extérieur et par équipes de trois joueurs qui frappent en général la balle au-dessus du niveau de leurs épaules. Elle attire plutôt les classes populaires, maçons ou paysans aux mains généralement puissantes et calleuses. Avant l’apparition du caoutchouc, les balles étaient dures, en cuir de chèvre ou de mouton, chaque joueur les cousait en général lui-même autour d’un noyau de bois. Si au départ les murs sur lesquels on joue sont ceux de l’église ou des bâtiment publics, au cours du XIXe siècle, des structures spécifiques vont apparaître, appelés « frontons ». Le premier grand fronton à dimension sportive est construit à Grasse en 1878 à l’initiative de Donat-Joseph Méro, chimiste, producteur de parfum et ancien Maire de Cannes entre 1865 et 1874. Fervent amateur de pelote provençale, il offre ce fronton à la population du hameau du Plan de Grasse qui lui avait prêté main forte pour éteindre l’incendie de l’une de ses propriétés située non loin de ce quartier rural.

Des tournois de pelote provençale dans le pays grassois au début du XXe siècle

Autrement nommé « place libre », le fronton comprend un mur coiffé d’un « chapeau de gendarme » sur lequel rebondit la balle et une courte aire de jeu tracée au sol. Quelques autres frontons apparaîtront dans les communes voisines et, notamment lors des premières décennies du XXe siècle, d’importants tournois, organisés au printemps et en été par les journaux comme Le Petit Niçois mettent aux prises des équipes représentant les communes du pays grassois, de la vallée du Loup et du pays vençois mais aussi de Cannes. Les Niçois qui s’exercent au Parc Impérial ou Monégasques sont moins nombreux et plus discrets dans les performances. Ces compétitions coïncidant avec des fêtes locales, attirent un public nombreux et passionné. Mêlant engagement physique, adresse et agilité, la pelote provençale est un sport spectaculaire. L’US Planoise, club omnisport du Plan de Grasse créée en 1920 avec une importante section de pelote, à toujours dominé les débats. Quelques grands pelotaris restent au panthéon des sportifs grassois comme les frères Gambini, Francis Mela ou Marius Rondoni dans les années 1950-1970. Toutefois, jugée soit trop obsolète voire « rurale » soit trop dangereuse pour les articulations des mains et des poignets (on parlait alors d’un sport qui « casse les mains »), la pratique décline et disparaît même dans les années 1980 au profit de la pelote basque ou « Pala » qui se joue avec une raquette en bois. Aujourd’hui patrimonialisé et récemment remis à neuf par le maire Jérôme Viaud en 2016, ce vieux fronton n’est plus utilisé que par les débutants pour jouer à la paleta dite « gomme pleine » à deux contre deux, spécialité de la pelote basque la plus connue et propice à un terrain court.

Le trinquet, une singularité

Outre le passage à la pelote basque, au cours des années quatre-vingt, sous l’impulsion d’un journaliste du sud-ouest, Louis Toulet et d’Alain Roudier, figure de la pelote grassoise, la pratique de ce sport connaît une autre mutation. En effet, à travers la volonté tenace de Paul Fourquet, professeur à l’IUT de Nice et premier adjoint d’origine basque au maire de Grasse Hervé de Fontmichel, un trinquet – structure fermée tel un gymnase – voit le jour à quelques centaines de mètres du fronton historique. Conçu par l’architecte grassois Etienne Mary, il est inauguré en 1989 sous la bénédiction de Monseigneur François Saint-Macary, l’évêque de Nice et de Grasse originaire de Bayonne et en présence du président de la Fédération Française de Pelote, Dominique Boutineau. Mesurant environ 40 mètres de long pour 10 mètres de large avec un toit vitré pour laisser entrer la lumière, cette infrastructure unique dans tout le Sud-Est permet de moderniser le jeu de pelote et de jouer en toutes saisons en diurne ou en nocturne. A un bout du terrain se tient le fronton, à l’autre bout un mur lisse avec en partie basse un tambour pour les spectateurs et un filet. Depuis cette date bien des vocations ont émergé et plus encore à partir de 2011 lorsqu’est créé le Grasse Pelotari Club (GPC), autonomisant la pratique de la pelote basque à Grasse. Le meilleur exemple est Fabien Cotta, Grassois d’origine où il est né en 1974 et membre du GPC qui a obtenu au cours des années 2000 et 2010 sept titres de champion de France en nationale A et B devenu figure emblématique de ce sport au niveau national. En outre, un tournoi « Open » de pelote basque est organisé chaque année au Plan de Grasse depuis 2018 par le GPC, preuve de la vitalité de ce sport malgré son isolement dans la région PACA. Mais le GPC n’hésite pas à organiser des démonstrations voire des petits tournois à main nue pour tenter – pourquoi pas – de relancer la pelote provençale.

Bibliographie

Caillois Roger, Les jeux et les hommes, Paris, Gallimard, 1967.

Callède Jean-Paul, « La pelote basque comme trait culturel d’une «Europe du Sud» ? », Sud-Ouest européen, 13, 2002, p. 41-49. https://www.persee.fr/doc/rgpso_1276-4930_2002_num_13_1_2784

Gonnet Paul, Histoire de Grasse et sa région, Le Coteau, éd. Horvath, 1984.

Rosati-Marzetti Chloé, L’identité d’une ville au travers de ses artefacts : Grasse, de 1860 à nos jours : étude de la co-construction d’un imaginaire touristique et d’une identité locale, thèse d’anthropologie, Université Nice Sophia Antipolis, 2013. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00950146/document

Sitographie

Fiche type d’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France : https://www.culture.gouv.fr/content/download/207139/file/Fiche_type_inventaire_PCI_2019.odt?inLanguage=fre-FR

Grasse Pelotari Club :  http://grassepelotariclub.fr

Fédération française de pelote basque : http://www.ffpb.net

La traversée de la Méditerranée en plus léger que l’air

La traversée de la Méditerranée en plus léger que l’air

« Est-ce la Corse ou la Sardaigne ? On descend, c’est bien la Corse ! […]. L’atterrissage se fait avec quelques secousses violentes. Capazza crie à M. Fondère d’éventrer le Gabizos avec son couteau […]. M. Fondère tombe à couteau raccourci sur le Gabizos. Capazza lui-même porte un coup de maitre à son ballon, qui se fend largement et expire doucement en rendant son âme de gaz avec la plus grande résignation » (Bastia Journal du 16 novembre 1886). En ce dimanche 14 novembre 1886, il est environ dix heures du soir, au lieu-dit l’Alzelli, sur la commune d’Appiettu, non loin d’Ajaccio, Louis Capazza et Alphonse Fondère, partis cinq heures et demie plus tôt de Marseille, viennent de réaliser la première traversée d’un plus léger que l’air en Méditerranée.

L’exploit

Louis Capazza est né le 17 janvier 1862 à Bastia, après des études au lycée de la ville, il entre aux Ponts-et-Chaussées puis quitte la Corse pour Paris afin de rejoindre son nouveau poste. C’est dans la capitale qu’il entre en contact avec le milieu des aéronautes tout en menant des recherches assidues sur les ballons. Il se fait remarquer par plusieurs inventions dans le domaine, en particulier le parachute-lest, qui lui valent l’intérêt des autorités militaires et des comptes rendus élogieux dans la presse nationale. Il est donc loin d’être un inconnu lorsque, en 1886, il décide d’entreprendre la traversée de la Méditerranée de Marseille vers la Corse, après un échec en sens inverse. Le 14 novembre, il y a foule sur la Place Saint-Michel où la préparation du ballon se fait dans une joyeuse pagaille, au milieu des badauds et alors que la fanfare de la société des Pionniers de l’Avenir fait entendre plusieurs morceaux de son répertoire. Le départ doit être plus d’une fois repoussé, finalement, vers 16h30, malgré un fort mistral, Capazza décide de partir, en compagnie de Hyacinthe-Alphonse Fondère, né à Marseille, le 26 août 1865, attaché à la mission de Brazza au Congo. Le départ, déjà perturbé par le vent, l’est encore plus par le public qui se presse autour de la nacelle. Finalement, le ballon prend son envol, non sans effleurer le toit d’une maison, mais Le Gabizos est équipé du parachute-lest, qui lui permet de reprendre de l’altitude. Une heure plus tard, les aéronautes sont au-dessus de Cassis, puis les îles d’Hyères, où une saute de vent les pousse en pleine mer, alors que la nuit est tombée et le temps exécrable, ainsi que le confiera plus tard Capazza au journal Le Matin. Les conditions de navigation se dégradent au point que les deux hommes doivent se débarrasser de la nacelle et s’accrocher aux mailles du filet qui enserre le ballon. Ils se pensent perdus, lorsqu’ils aperçoivent la lumière d’un phare, probablement celui des îles Sanguinaires, au large d’Ajaccio. Après un rude atterrissage, ils sont secourus par un berger qui leur offre l’hospitalité pour la nuit. Le lendemain matin, ils se rendent à Ajaccio, annoncer leur succès et demander de l’aide afin de ramener leur ballon.

À Marseille, on demeure plusieurs heures sans nouvelles et l’on entrevoit déjà le pire. « Avons atterri. Ballon en bon état », telle est la teneur de la dépêche parvenue dans la cité phocéenne en ce début d’après-midi du 15 novembre. Le lendemain et les jours suivants, la nouvelle de la réussite de la traversée est annoncée tant dans la presse locale, insulaire et marseillaise, que nationale.

Fondère fera une brillante carrière coloniale, il décédera le 26 novembre 1930 à Addis-Abeba. Capazza, pour sa part, continuera ses travaux et ses expériences et s’illustrera, entre autres, en inventant un parachute et en réalisant la première traversée de la Manche avec le Morning Post, premier dirigeable anglais (20 octobre 1910). Il sera notamment membre de l’Aéro-Club de France, vice-président de l’Association Française de Navigation Aérienne et membre fondateur de l’Aéroclub de Belgique. Il meurt le 28 décembre 1928.

Le monument

Si, pendant plus d’une quarantaine d’années, aucun monument ne vient rappeler la prouesse des deux aéronautes, vers la fin des années 1920, dans un contexte d’exploits sportifs aériens, symbolisés par la traversée de l’Atlantique de Lindbergh, le temps est propice à la mise à l’honneur des pionniers. En octobre 1928, a lieu l’inauguration d’un monument près d’Appiettu, en présence de Capazza. L’année suivante, à Paris, est apposée une plaque rappelant son invention d’un parachute en 1892, Fondère participe à la cérémonie. Dès lors, Marseille ne pouvait faire moins que de commémorer les héros, d’autant que, en 1929, à l’initiative de Zabeth Capazza, sa fille, se constitue un comité Capazza-Fondère dans le but de réaliser un monument en leur honneur. Le ministère de l’Air, le Conseil général et la Chambre de Commerce des Bouches-du-Rhône, l’Aéro-Club de France, et les municipalités d’Ajaccio, de Bastia et de Marseille apportent leurs concours financiers. La réalisation du monument est confiée au sculpteur Louis-Marcel Botinelly et à l’architecte Gaston Castel, dont c’est la première collaboration. Le premier, Médaille d’or du Salon (1928), a déjà réalisé à Marseille, entre autres, les Atlantes du Parc Chanot ainsi que les statues représentant les colonies d’Afrique et d’Asie de part et d’autre du dernier palier de l’escalier de la gare Saint-Charles. Le second, Grand Prix de Rome (1913), est alors architecte en chef des Bouches-du-Rhône, avec à son actif, notamment, le Monument aux morts de l’Armée d’Orient et des terres lointaines et la reconstruction de l’opéra municipal.

Dans les semaines précédant l’évènement, la presse nationale et marseillaise, en particulier Le Petit Provençal, revient sur l’exploit des deux aéronautes. Le monument, dont la polychromie d’origine a disparu, se dresse sur le mur postérieur du centre paroissial arménien qui fait le coin de la place Jean Jaurès et de la rue Sibié, à l’endroit même d’où le ballon s’envola. Sous les têtes des deux aéronautes de profil, figure la silhouette du Gabizos ainsi qu’un texte rappelant leur exploit. L’inauguration a lieu le 16 novembre 1930, sous la présidence d’honneur du président du Conseil André Tardieu, du Maréchal Lyautey, du ministre de l’Air et en présence de personnalités, de la famille de Capazza et d’une foule nombreuse ; l’ingénieur et pilote allemand Hugo Eckener, qui l’année précédente avait réalisé le premier tour du monde en dirigeable, invité, ne put se déplacer et s’excusa. Arrivés entre-temps, les aviateurs Dieudonné Costes et Maurice Bellonte y déposent une gerbe de fleurs. Malgré l’écho incontestable que reçoit l’hommage à Capazza et Fondère, il semble bien noyé dans les festivités données en l’honneur de Coste et de Bellonte qui, quelques semaines auparavant, viennent de réaliser la première traversée de l’Atlantique nord sans escale dans le sens est-ouest. En revanche, les cérémonies du cinquantenaire de la traversée, en novembre 1936, connaitront un succès populaire considérable ; ce qui ne sera pas le cas lors du centenaire passé quasiment inaperçu. Outre le monument, il existe dans le IVe arrondissement de Marseille deux rues qui leurs sont dédiées, l’une portant le nom de Capazza et l’autre celui de Fondère.

Bibliographie

Louis Capazza, Traversée de la Méditerranée en ballon, Bruxelles, Charles Rosez Éditeur, 1899.

Pierre Gallocher, « Marseille à la conquête de l’air » in Marseille, zigzags dans le passé, tome I, Marseille, Tacussel, 1984, p.163-167.

Alain Mori, Louis Capazza, héros Corse de l’aéronautique, Bastia, Anima Corsa, 2010.

Michel Sansonetti, « L’exploit de Louis Capazza » in Francis Pomponi (dir.), Le Mémorial des Corses, tome 3, Ajaccio, 1982, p.384-387.

Presse nationale et régionale, novembre 1886, janvier 1929-décembre 1930.

Les bains de mer sur la Corniche de Marseille

Les bains de mer sur la Corniche de Marseille

Marseille est un haut lieu de la natation française où réside un des clubs les plus titrés du pays : le Cercle des nageurs de Marseille. Cette renommée sportive forgée à partir des années 1920 trouve ses origines au siècle précédent alors qu’à Marseille, comme ailleurs sur le littoral français, se répand la mode des bains de mer lancée par les Britanniques. Il y a là de quoi surprendre car Marseille n’a jamais eu la réputation d’une station balnéaire. Pourtant, on y a entretenu le rêve de faire de la mer Méditerranée un atout en vue d’attirer des touristes de tous horizons.

Les premiers bains de mer

Le premier établissement de bains de mer de la ville se situe dans l’anse du Pharo. L’initiative revient à un médecin, le docteur Giraudy, ancien chirurgien des armées du Roi établi à Marseille depuis 1782. En 1818, il installe une grande barque aménagée. L’expérience fait néanmoins long feu car la plupart des patients sont victimes du mal de mer. Il décide alors de se poser sur la terre ferme avec l’avis favorable de la Société Royale de Médecine de Marseille. Mais la zone est marécageuse, ouverte aux vents du Nord et envahie par les algues, entraînant la fermeture rapide de l’établissement.

Le docteur Giraudy jette son dévolu sur l’anse d’Arenc où se situait naguère un Lazaret. Il doit faire face à la concurrence d’un riche négociant du nom de Vailhen propriétaire d’un autre établissement récent : les grands bains de la Méditerranée. Le journal Le Sémaphore les décrit le 6 juin 1836 comme « les plus parfaits par leur construction et la pureté de leurs eaux, les seules en Europe où l’on puisse se baigner à la vague à toutes les heures du jour, quelque mauvais temps qu’il fasse ».

D’emblée se pose à Marseille, comme ailleurs, la question de la décence de cette activité qui porte atteinte à la pudeur. L’indicateur du Commerce écrit dès juillet 1822 que « vainement les ordres de l’autorité ont défendu aux nageurs de se baigner sur la côte sans caleçon ou un voile quelconque. Tous les soirs, les environs du port sont peuplés de gens qui, au mépris de toute pudeur, se baignent dans un état de nudité absolue. À cause d’eux le beau sexe est obligé de s’interdire un délassement agréable et devenu nécessaire par les chaleurs dont nous sommes accablés ».

Il n’en reste pas moins que ces deux établissements reçoivent le soutien du corps médical convaincu des bienfaits thérapeutiques des bains de mer, par immersion, affusion, aspersion, ablution ou encore fomentation. Des bains, qui sauf exception, ne doivent pas excéder quelques minutes, une seule fois par jour chez un sujet à jeun. C’est ce que préconise le docteur Robert dans son manuel publié en 1827. Vantant les mérites des deux établissements d’Arenc, il considère que les bains de mer peuvent traiter plusieurs maladies : la tuberculose osseuse et articulaire, la tuberculose ganglionnaire ainsi que le rachitisme chez les enfants, la plupart des affections gynécologiques et l’hystérie chez la femme ou encore la mélancolie, l’impuissance et les maladies imaginaires rassemblées sous le terme d’hypochondrie chez l’homme.

Marseille dispose d’atouts qui, croit-on, lui permettront de rivaliser avec les stations les plus réputées de l’époque. Le docteur Robert écrit en préambule de son ouvrage en une lettre adressée au préfet du département des Bouches-du-Rhône : « Marseille si favorisée par son beau ciel, son climat et son site maritime, croit aujourd’hui pouvoir aspirer à devenir l’heureuse rivale de Dieppe, Boulogne et de Brighton ».

Toutefois, les établissements de bains de mer situés à Arenc sont contraints de cesser leur activité en 1856 en raison des travaux de l’aménagement du port et la construction de bassins. L’activité balnéaire se déplace alors au sud de la ville.

L’essor de la Corniche

La promenade de la Corniche est construite à partir de 1848 ; les travaux se terminent en 1863. La première partie, au sud, est construite entre 1848 et 1851. Le chemin de terre est ensuite prolongé jusqu’à la plage des Catalans entre 1861 et 1863. Cette deuxième portion est plus compliquée techniquement : il faut en effet construire un viaduc au niveau du Vallon des Auffes. Sur près de 5 kilomètres, la promenade s’étend de la plage des Catalans aux plages du Prado. En 1873, une ligne de tramway du boulevard Notre-Dame aux allées du Prado par la Corniche permet de développer le bord de mer. Outre le marégraphe près du Pont de la Fausse Monnaie, qui après douze ans d’observation (du 3 février 1885 au 1er janvier 1897) a permis de définir « l’altitude zéro de référence en France », on trouve le long de la Corniche quelques villas, des hôtels –restaurants ainsi que des établissements de bains de mer. Parmi ces établissements, l’un des plus fameux est celui du Roucas-Blanc (1874-75). Il comporte deux bassins permettant les bains de mer, des salles d’hydrothérapie auxquels s’ajoute plus tard un restaurant. Un médecin est demeure.

Le milieu médical participe d’ailleurs largement à la publicité de l’établissement. On peut ainsi lire dans la livraison de juin 1875 de la revue Marseille Médicale : « nous ne doutons pas de la prospérité future de ce magnifique établissement qui, par la perfection achevée de ses installations et par l’intelligente organisation de ses divers services, répond à un besoin réel et est obstiné à satisfaire aux exigences les plus variées de l’hygiène et de la thérapeutique balnéaire, en hiver comme en été, dans toutes les saisons et par tous les temps ». La même année, on lit dans une brochure de Serenus Partl : « Pendant que les frimas environnent les roches alpines, suisses, tyroliennes et obligent les touristes de se prémunir contre les rigueurs de la température, Marseille, dont le climat est favorisé, promène le luxe de ses équipages et de ses toilettes d’été, dans les splendides avenues du Prado, du Château Borély et le long de ses riantes grèves ».

Plus largement l’établissement mène une campagne de publicités promotionnelles en France mais aussi à l’étranger. Afin de faciliter l’acheminement des clients, un service de transport en voiture à chevaux ou en bateau est assuré entre le quai du Vieux Port et le Roucas-Blanc.

Cet établissement est comme les autres, réservé aux personnes les plus fortunées. Déjà en 1853 la Société́ Impériale de Médecine déplore que « l’artisan et sa famille après une journée laborieuse » ne puisse se rendre aux bains. Elle rappelle les bienfaits préventifs des bains de mer froids « qui devraient être à la portée de toutes les bourses ».

C’est sur un autre lieu de la Corniche, l’anse des catalans, que l’on trouve des bains populaires, ceux du Petit Pavillon établis en 1854. La toponymie de cette anse remonte au XVIIe siècle et renvoie à l’arrivée d’un groupe de pêcheurs catalans installés dans une infirmerie désaffectée. Le nom est resté pour l’ensemble du quartier à proximité du centre-ville (autour du Vieux-Port) et proche de la résidence impériale du Pharo dont la construction est ordonnée par Napoléon III pour l’impératrice Eugénie, dans le cadre d’une politique de construction et de modernisation des infrastructures déjà existantes de la ville.

Il est envisagé de faire de la plage des Catalans un lieu à la mode. Sont établis les bains des Catalans à partir de 1859, après la destruction des ruines des Vieilles infirmeries ; ils sont plus bourgeois que les bains du petit Pavillon voisins. Ils constituent une structure privée de pontons de bois posés sur les rochers et sur pilotis, avec cabines et autres commodités. Un casino devait en faire un des plus beaux ensembles balnéaires d’Europe, mais ce projet échoue.

Le succès des bains de mer ne dépasse pas les limites de la ville. Les touristes ne sont guère au rendez-vous. L’identité balnéaire touristique de la ville ne parvient pas à se construire. En revanche l’identité sportive s’ancre en partie dans cette anse des Catalans. Aux côtés des bains thérapeutiques ou hygiéniques, bains de soleil, se développent en effet des bains sportifs et/ou ludiques.

Les débuts de la natation en mer

À la fin du XIXe siècle, on assiste à Marseille à une multiplication des compétitions et à l’institutionnalisation de la natation suivant une dynamique hexagonale. La Commission natation de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques est ainsi créée en 1889, reprenant les règles établies par l’Amateur Swimming Association anglaise. Dans le sillage des épreuves de natation inscrites au programme des premiers Jeux olympiques de l’ère moderne en 1896, des premiers championnats de France se tiennent en 1899. Entre 1900 et 1914 la natation devient un spectacle populaire.

À Marseille, dans les années 1890 le journal Soleil du Midi organise les premières courses officielles aux Catalans.

La presse locale est souvent à l’initiative de ces compétitions auxquelles elles donnent grande publicité. Les lecteurs, dont très peu bravent encore « l’humide élément » sont sans doute impressionnés par la performance des nageurs qui à l’instar des deux seuls qui, selon le récit de Massilia (1er septembre 1909) « eurent le courage de terminer » le championnat des 4000 mètres dans « une mer démontée ». L’histoire de ces compétitions locales restent encore largement à faire tout autant que celles des clubs. On assiste en effet à la création de sections natations dans un certain nombre de clubs omnisports, comme l’Union sportive phocéenne, le Sporting Victor Hugo, l’Olympique de Marseille ou encore Étoile sportive phocéenne que l’on dit « imbattable » en ce début de siècle. Tous développent leur activité dans le cadre des établissements de bains de mer. Le Chevalier Roze Sport, fondé en 1909, s’installe pour sa part au pied du fort Saint-Jean.

Après la Première Guerre mondiale et la création en 1920 de la Fédération française de natation et sauvetage, la première Coupe de Noël est organisée à Marseille, le 25 décembre, par le district de Provence. La presse indique que des milliers de spectateurs se pressent autour du Vieux-Port pour encourager par une température de -2 à 5 degrés la quinzaine de nageurs plongés dans une eau qui ne dépasse pas les 10 degrés.

Le long de la Corniche, dont le nom rend hommage du Président américain John Fitzgerald Kennedy depuis 1963, l’activité balnéaire revient en force dans les années 1960 avec l’avènement d’une culture des loisirs, grâce notamment à l’aménagement de grandes plages au Prado. La natation sportive revient en mer en 1999 avec le défi Monte Cristo, une épreuve inspirée de la célèbre évasion dans l’œuvre d’Alexandre Dumas. Réunissant plus de 4000 nageurs amateurs, la compétition se présente comme « le plus important rassemblement grand public de la natation en mer ».

Bibliographie

« Le littoral du golfe aux calanques », Marseille. Revue culturelle, n°178, 1996.

« Plaisir de la mer », Marseille. La revue culturelle de la ville de Marseille, n°202, 2003.

« Le sport à Marseille », Marseille. La revue culturelle de la ville de Marseille, n°208, 2005.

Andrieu Bernard, Bien dans l’eau. Vers l’immersion, Biarritz, Atlantica, 2010.

Aziza Judith, Une histoire de Marseille en 90 lieux, Marseille, Editions Gaussen, 2019.
François George, Bains de mer sur ordonnance à Marseille, Association des amis du Patrimoine Médical de Marseille.

Kourilenko Jean-Luc, Bains de mer et convenances de la Belle époque à nos jours, Tours, Éditions Sutton, 2017

Pic Raphaël, Balnéaire : une histoire des bains de mer, Paris, Little Big Man éditions, 2004

Robert Louis-Joseph-Marie, Manuel des bains de mer sur le littoral de Marseille, Marseille, 1827.

Terret Thierry, Naissance et diffusion de la natation sportive, Paris, L’Harmattan, 1994.

Vigarello Georges, « hygiène du corps et travail des apparences » in Corbin Alain, Courtine Jean-Jacques, Vigarello Georges (dir.). Histoire du corps, t. 2 De la Révolution à la Grande Guerre, Paris, Le Seuil, 2005, p. 299-312.

Le Mont Ventoux

Le Mont Ventoux

Le Mont Ventoux est un haut lieu patrimonial et touristique. Il le doit à sa nature singulière, envoûtante, et au Tour de France. En 2006, 61% de ses 600 000 visiteurs déclarent en effet le connaître grâce à cette épreuve. De fait, le Ventoux est des principaux lieux de mémoire du sport de l’Hexagone.

À pieds, à ski

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, rares sont ceux qui défient le mont. On l’admire de loin, comme un « roi » sur les pentes duquel « le tendre Pétrarque » soupirait « jadis ses vers et ses amours » comme l’écrit Courret de Villeneuve dans son Recueil amusant de voyages en vers et en prose en 1784.

La première ascension recensée date de 1798, mais excursionnistes et alpinistes s’y aventurent surtout à partir des années 1830-1840 ; puis le Club Alpin de Provence (créé en 1875) en fait une destination de choix et les excursions s’y multiplient, comme celles de la Société des excursionnistes marseillais (1897).

Cette première conquête sportive est non compétitive. Elle ne donne pas lieu à l’émergence d’une mythologie sportive. Il en va de même quand les skieurs, héritiers des charbonniers (qui utilisaient à des planches pour se déplacer dans la neige), s’y aventurent entre-deux-guerres, surtout à partir de 1929, lorsque le Chalet Renard est inauguré à mi-pente, que le Ski Club de Carpentras est fondé et que la compagnie ferroviaire PLM propose des navettes en autocar pour rallier le Ventoux depuis Avignon. Mais là encore, on parle d’un usage ludique, récréatif.

Un banc d’essai automobile

Le Mont Ventoux reçoit ses premières lettres de noblesse compétitives par l’automobile. En 1900, un garagiste marseillais, Marius Masse, conquiert son sommet au volant d’une De Dion. En 1901, un rallye touristique y est organisé. Adolphe Benoît, directeur de La Provence sportive, imagine alors une course de côte. Parrainé par L’Auto et l’Automobile Club d’Avignon, le meeting du Ventoux a lieu le 16 septembre 1902. Paul Chauchard le gagne, sur Panhard-Levassor, à 47 km à l’heure. La rudesse du parcours et la témérité des pilotes en font alors le renom.

Jusqu’à la Grande Guerre, les innovations, avec l’introduction des motocyclettes (et même d’un omnibus en 1907), grandissent sa réputation et sa popularité. Les « prouesses des mangeurs d’espace » (Le Gaulois, 1913), leur vitesse stupéfiante, lui donnent l’image d’un banc d’essai technologique prouvant la qualité de l’industrie automobile française. Une tradition est ainsi posée. Elle est prolongée dans l’entre-deux-guerres et jusqu’à son dernier Âge d’Or, dans les années 1970. Nonobstant, la représentation d’un mont sportif est infiniment plus déterminée par le cyclisme.

À la pédale

À vélo, les pentes du Ventoux sont vaincues en 1901 par un groupe emmené par Paul de Vivie, un des pères du cyclotourisme. En 1902, Adolphe Benoît, se lance à son tour. Il valorise son défi dans La Provence sportive et invite les cyclistes à se mesurer à lui.

Mais les courses du moment, comme Marseille-Paris en 1902, évitent soigneusement de s’affronter à l’inquiétant Ventoux. Ce n’est qu’en 1908 qu’Adolphe Benoît, à nouveau, joue les ouvreurs. Sous le patronage de La Provence Sportive, du Petit Marseillais et de l’Union Cyclopédestre carpentrassienne, il organise un Marathon du Ventoux. Vingt cyclistes et quelques pedestrians défient les 36 km du parcours, dont 21 km de dénivelé. Jacques Gabriel, un bûcheron, gagne l’épreuve en 2 h 27. Le premier pedestrian, Alfred Joyerot, rallie le sommet au terme de 4 h 20 d’efforts.

Après les éditions de 1909 et 1910, pour les seuls cyclistes, l’épreuve disparaît. Elle renaît en 1921 et 1922 mais, dans l’entre-deux-guerres, d’autres courses accentuent la renommée du Ventoux : le Circuit du Ventoux, le Tour du Sud-Est, le Tour du Vaucluse et Paris-Nice. Au demeurant, la mythologie cycliste du Ventoux se forge surtout après la Deuxième Guerre mondiale, avec le Tour de France.

Un sommet, un sacrifice

La Grande Boucle emprunte les lacets du Ventoux pour la première fois en 1951. Le patron du Tour et de L’Equipe, Jacques Goddet, veut durcir l’épreuve pour offrir un spectacle « d’incertitude, sans répit », un « sacrifice suprême ». Louison Bobet gagne l’étape, après « une démonstration faite par le Ventoux, brûlé de soleil et grouillant d’une foule immense » (L’Equipe, 23 juillet 1951).

Les coureurs sortent grandis par l’épreuve. En 1952, Jean Robic passe en tête au sommet avec un « tempérament d’âpreté » égal à celui « du sommet nu, ras, cratère de cailloux dégoulinants » (L’Equipe, 10 juillet 1952).

Plus la course est dure, plus le coureur souffre ; plus il souffre, plus il est grand ; et plus il est grand plus il rend un culte au Ventoux, ennemi et intercesseur à la fois, car il lui permet de se dépasser. Le Ventoux met ainsi en scène un corps à corps entre l’homme (et ses ressources insoupçonnées) et les éléments (une nature sans concession). En 1955, Roland Barthes estime dans ses Mythologies qu’il « personnifie » de la façon « la plus forte » qui soit le « sacrifice » cycliste.

Simpson scelle le mythe

De nombreux moments mémorables marquent les seize passages et arrivées au Ventoux. En 1955, Malléjac, épuisé, défaille devant les caméras de la RTF. En 1965, Poulidor triomphe. En 2002, Pantani domine de manière aussi écrasante qu’improbable. En 2016, Chris Froome gravit la pente en courant, vélo crevé à la main, pour ne pas perdre trop de temps…

Mais, de tous les épisodes ventouriens, c’est la mort de Tom Simpson, en 1967, qui scelle le mythe d’une montagne hostile, face à laquelle seuls les plus grands – ou les plus fous – se mesurent sans rien économiser, jusqu’à tutoyer la mort. Le 13 juillet, le peloton part de Marseille. Le voilà à pied d’œuvre. Il fait 40 degrés. On grimpe. Simpson montre des signes de faiblesse. À deux km du sommet, il ralentit, vacille et chute. Des spectateurs le couchent sur un lit de pierres. Un lit d’agonie. En fin d’après-midi, un communiqué tombe : « Tom Simpson est décédé à 17h40 ». Le dopage, conjugué à son épuisement préalable, à la violence de l’effort et à la chaleur a eu raison de lui. Le forçat de la route est héroïsé par le Ventoux. Inversement, la tragédie de sa mort finit d’établir le mythe de la sauvagerie, à nulle autre pareille, du mont.

Chaque année, une foule de 700 000 cyclistes amateurs, comme autant de pèlerins, se frottent à ce mythe. Initiation : vaincre le Ventoux est une performance et, surtout, un accomplissement. Et d’année en année, l’ogre ventourien renforce son terrible mythe, en voyant mourir cinq à dix valeureux, victimes d’infarctus ou de violentes sorties de route, persuadés qu’ils auraient raison de lui…

Bibliographie

Barruol G., Dautier N., Mondon M. (dir.), Le Mont Ventoux. Encyclopédie d’une montagne provençale, Forcalquier, Alpes de Lumières, 2007.

Fillion P., Hennaux J., Schaffer G., Le Ventoux, sommet de folie, Editions L’Equipe, 2010.

Goddet J., L’Échappée belle, Stock, 1991.

Mondon B., Les grandes heures du Tour de France au Ventoux, Éditions Équinoxe, 1997.

Tétart Ph., « Le Mont Ventoux. Du mythe littéraire au mythe sportif », Sociétés et Représentations, n°45, 2018.

Vigarello G., « Tour de France », in Nora P. (dir.), Les Lieux de Mémoire. III. Les France, Gallimard, 1992.

Le Palais des sports de Marseille

Le Palais des sports de Marseille

Le Palais des Sports est un complexe multi sportif et de spectacles situé au sein du quartier de Sainte-Marguerite dans le neuvième arrondissement de Marseille. Inauguré en 1987, il accueille depuis plus de trente ans de multiples évènements de grande envergure.

Un équipement sportif de première importance

La création d’un Palais des Sports attenant au Stade vélodrome est d’abord prévue en même temps que la création du stade dans les années 1930. Cependant, pour des raisons budgétaires, le Palais des Sports est abandonné. L’idées ressurgit dans les années 1990 dans le contexte d’une rénovation plus globale des équipements sportifs de Marseille. Afin de pouvoir accueillir des évènements d’envergure internationale, la municipalité alors sous l’égide de Gaston Defferre décide de doter la ville d’une grande salle pouvant accueillir plusieurs milliers de spectateurs pour assister à des manifestations sportives et des spectacles. L’emplacement de ce Palais des Sports et d’abord proposé près de la station de métro Saint-Just en 1983, mais c’est finalement le 81 boulevard Raymond Teisseire, près de la station Sainte Marguerite-Dromel qui est retenu en 1985. Cependant Gaston Defferre s’éteint l’année suivante, c’est donc avec son successeur Robert Vigouroux que les travaux de Palais des Sports sont entrepris et terminés. La création d’un complexe omnisport tout près du Stade vélodrome est confiée à l’architecte marseillais Jean-Jacques Letellier et les travaux débutent en 1987.
Le Palais des Sports est inauguré le 20 décembre 1988 en présence du maire Robert Vigouroux, de sportifs médaillés des Jeux olympiques de Séoul, de personnalités marseillaises et de présidents d’organisations sportives de la région. La cérémonie et animée par le journaliste Gérard Holtz et se clôture en apothéose avec la rencontre amicale opposant les équipes nationales de handball de France et d’Autriche. Cette nouvelle salle est ensuite placée sous la direction de Claude Argy, alors présent depuis cinq ans à la Direction générale du personnelle, en coordination avec le service des Sports de la ville. Elle dispose d’une capacité modulable pouvant accueillir entre 4 200 et 7 200 spectateurs selon la disposition des gradins et des terrains. Cela permet au Palais des Sports de s’ouvrir à différents types des manifestations sportives et culturelles. Néanmoins plus de 80% des évènements sont à caractère sportif, faisant du Palais des Sport un des principaux lieux du sport à Marseille.

Des manifestations sportives variées

Sports de combat

Dès ses débuts en 1988, le Palais des Sports est un haut lieu des sports de combats en France. C’est notamment avec Eric Romeas, président du comité départemental des Bouches du Rhône de kick boxing, que des Championnats du monde et d’Europe de kick boxing sont organisés à Marseille avec le soutien du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Le succès est au rendez-vous : la confrontation entre l’américain Rick Roufus et le Néerlandais Ernesto Hoost fait en 1992 salle comble. Les combats annuels attirent toujours plus et l’évènement prend le nom de la Nuit des Champions au tournant des années 2000. La Nuit des Champions se diversifie et propose des combats de pancrace et de muay thaï tant chez les hommes que chez les femmes, également dans les catégories juniors. Chaque champion des différentes catégories ( -55kg, -65kg, -70kg) se voit décerné la ceinture de vainqueur de la Nuit des Champions.

Tennis

L’Open 13 de tennis est depuis 1993 un autre événement majeur du Palais des Sports. L’Open 13 est un tournoi international inscrit au circuit professionnel de l’ATP World Tour dans la catégorie 250 (car accordant 250 points au classement pour le vainqueur), la quatrième derrière les tournois du Grand Chelem, les ATP World Tour Masters 1000 et les ATP World Tour 500. Il est le plus gros tournoi de tennis proposé dans la région. Des rencontres de double et de simple messieurs y sont disputées chaque année au mois de février. Le suisse Marc Rosset est vainqueur des deux premières éditions du tournoi, remportant une troisième victoire en 2000. La liste des vainqueurs fait apparaître parmi les plus grands champions du moment : Boris Becker (1995), Roger Federer (2003), Andy Murray (2009) ou encore Stéfanos Tsitsipás (2019, 2020). Le tournoi est aussi souvent l’occasion pour joueurs français de s’illustrer : parmi les vainqueurs Guy Forget (1996), le Marseillais Arnaud Clément (2006), Gilles Simon (2007, 2015), Jo-Wilfried Tsonga (2009, 2017), Michaël Llodra (2010).
Le Palais des Sports accueille aussi en 2016 la rencontre entre la France et l’Italie dans la cadre de la Fed Cup, le tournoi mondial de tennis féminin disputé par équipes nationales.
Sports motorisés
Grâce à sa formidable capacité d’adaptation, le Palais des Sports parvient à accueillir deux évènements de sports motorisés : le Supercross de Marseille et le Trial Indoor de Marseille. Le Supercross réunis des champions locaux et parmi eux des Marseillais ayant réussis à briller à l’international tels Frédéric Bolley et Yves Demaria. Quant au Trial Indoor, il s’agit d’une étape annuelle du championnat du monde. A cette occasion le Palais des Sports a vu s’affronter les plus grands coureurs internationaux comme l’Espagnol Jordi Tarrés ou le Français Thierry Michaud, champion du monde de trial indoor en 1998.

Handball

C’est aussi au Palais des Sports qu’ont lieu plusieurs rencontres internationales de handball de l’équipe de France depuis le match inaugural. En 2001, trois matchs du Championnat du monde s’y déroulent. Outre des matchs internationaux, le Palais des Sports sert également d’arène pour certains match l’OM-Vitrolles. Le club y remporte en mai 1993, la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe face aux Hongrois de Fotex Vesprém SE. Depuis la disparition de l’OM-Vitrolles en 1996, le Palais des Sports accueille occasionnellement le club d’Istres qui évolue aussi en première division.

Et plein d’autres…

Toujours dans cette perspective multi-sportives et articulant les clubs locaux avec les représentations internationales, le Palais des Sports est également le lieu où se produisent des gymnastes internationaux lors du tournoi Elite Gym Massilia mais également parfois les basketteurs du Fos-Provence Basket en Pro B ou encore les équipes nationales et locales féminines et masculines de volleyball. Enfin, à la croisée du sportif et du non sportif, le complexe accueille également le Cirque de Pékin et le spectacle de patinage Holiday on Ice.

En 2018, le Palais des Sports célèbre ses 30 ans. En 30 ans d’existence seul des travaux mineurs de rénovation et un aménagement du parvis du Palais des Sports en 1996 ont été effectués. Claude Argy et le service des sports de la ville ont exprimé leur souhait d’entreprendre de plus grands travaux sur le Palais des Sports afin de lui permettre de continuer à héberger des évènements de grande envergure. Cependant Claude Argy quitte la direction du Palais des Sports en octobre 2020, dès lors si les souhaits exprimés en 2018 viennent à se concrétiser ce sera sous une nouvelle direction de la salle.
Le Palais des Sports a accueilli plus de 7 millions de spectateurs depuis sa création en 1988 démontrant l’importance de cette infrastructure dans le paysage sportif et de divertissement marseillais.

Bibliographie

Site du palais des sports : www.palais-des-sports.marseille.fr Site de l’évènement « La nuit des Champions » : www.ndcboxing.com Site de l’évènement « Open 13 » : www.open13.fr

Jean-François Coquil, « Palais des Sports de Marseille, trente ans d’exploits et de passion ! », revue Marseille, n°262, avril 2019, p.102-105.

Rémi Lombardi, Les politiques sportives à Marseille. Les années Deferre, 1953-1986. Mémoire de Master 2 en Histoire. Sous la direction de Stéphane Mourlane, Université d’Aix-Marseille, 2020, p.123-124.

Jean Jacques Fiorito, « Marseille : Le « vice-roi » Claude Argy quitte son Palais », La Provence. Publié sur le site www.laprovence.com le 21 septembre 2020

Le stade de la Roseraie – Carpentras

Le stade de la Roseraie – Carpentras

Le stade de la Roseraie à Carpentras appartient indiscutablement à l’histoire mouvementée du Rugby à XIII. Même s’il n’est pas aussi prestigieux que le stade du Moulin à Lézignan, la Myre Mory à Villeneuve ou Gilbert Brutus à Perpignan, il jouit d’une grande notoriété parmi les treizistes.

Une longue gestation

Lorsqu’en 1938 le Racing Club de Carpentras (RCC) « passa à Treize » la ville ne disposait que du seul Stade municipal. C’était très insuffisant car il fallait y organiser des matchs de rugby, de football et surtout de motoball, un jeu nouveau, dévastateur pour les pelouses, mais déjà très populaire en Provence.

Pour remédier à cette pénurie, la ville, alors dirigée par Henri Dreyfus, acheta en décembre 1939 un terrain agricole de plus de quatre hectares aux portes de la ville dans le but d’y installer un nouveau terrain de sport. Le domaine comprenait aussi la grande villa de « la Roseraie » qui donnera son nom au stade. Entre 1940 et 1945, la délégation municipale nommée par Vichy n’y construisit rien et le terrain fut utilisé comme jardin potager.

Le gouvernement Pétain et son commissaire général à l’Éducation et aux Sports Jean Borotra ayant interdit le Rugby à XIII, le RCC fut contraint de jouer à nouveau à XV et continua à partager le Stade municipal avec le football. Les rationnements en essence avaient mis le motoball en sommeil.

Un stade « treiziste »

À la Libération le Comité national des spots toujours sous l’influence des mêmes pressions quinzistes ne voyait pas la vigoureuse reprise treiziste avec beaucoup de sympathie. Le rugby à XIII fut même contraint de changer de nom et la « Ligue française de rugby à XIII » devint « La fédération française de jeu à XIII » (arrêté du 11 Avril 1949). Elle est depuis redevenue Fédération française de rugby à XIII par jugement de la cour de cassation du 4 Juin 1993.

La ligne de front de la guerre des rugby n’était encore pas très nette, et en 1944 le RCC fut invité par la Fédération rugby à XV inquiète, à participer à la coupe de France et au championnat quinziste. Il fallait donc choisir formellement son camp. Une Assemblée générale extraordinaire opta à une large majorité pour la reprise treiziste comme ce fut le cas pour la plupart des clubs vauclusiens. Le SO Avignon qui n’avait pas fait partie de la première vague d’avant-guerre adhéra au mouvement dès sa reprise et fut admis dans la ligue professionnelle au côté du SU Cavaillon.

La municipalité carpentrassienne commença alors l’aménagement du futur « stade de la Roseraie ».

Des tribunes pas très légales

Les dirigeants du RCC prirent à leur compte la construction des tribunes selon un procédé tout à fait illégal puisqu’il contournait l’appel d’offre. La ville avait un devis de 1 900 000 francs. Une dizaine de dirigeants du club fonda une société ad hoc qui construisit les tribunes à ses frais. Aussitôt construites elles furent achetées par la ville au prix coutant. La dépenses n’ayant été que de 947 000 francs, la ville fit ainsi une économie d’un million de francs.

Un monument à la mémoire des joueurs du RCC XIII disparus pendant la guerre fut érigé sur le stade qui n’avait encore ni tribunes ni installations fixes. Le 27 avril 1947 lors d’un match opposant le RCC à l’équipe 2 du 13 Catalan, les deux capitaines, tous deux anciens internationaux treizistes, déposèrent une gerbe au pied de la statue.

Les tribunes furent inaugurées le 20 mars 1949 lors d’un match contre Toulouse dans le championnat « indépendant » (c’est ainsi qu’on appelait la seconde division, composée de clubs utilisant, en principe, des joueurs « amateurs », pour la distinguer de la première division « professionnelle »).

Au sol les tribunes occupaient un rectangle de 50m x 20m de grand axe Est/Ouest. La toiture était composée d’une charpente métallique recouverte de plaques de fibrociment culminant à 9 mètres, appuyée sur un mur postérieur de 6,7 mètres de haut en maçonnerie.

Les sept rangées de gradins étaient en bois. Sous les tribunes, on avait aménagé cinq vestiaires (joueurs et arbitres) avec des douches chauffées.

Dans les années 1950, lorsque le RCC put monter en première division, le nombre des spectateurs dépassa très souvent 1500 personnes et ces tribunes devinrent vite insuffisantes. On ajouta donc rapidement des « praticables » non couverts en tubes métalliques, de part et d’autre de la tribune abritée.

Des gradins en bois

La construction de gradins en bois peut surprendre à une époque où le béton était déjà largement utilisé, et surtout dans un pays où la préférence pour les constructions en pierre est attestée de longue date.

Plusieurs éléments sont à prendre en compte pour expliquer ce choix et en premier lieu le confort. Les matchs de rugby se disputent le plus souvent l’hiver une saison où le mistral est fréquent et les stades mal orientés sont invivables (comme le parc des sports d’Avignon construit en 1975). En hiver à la Roseraie, le mur maçonné abritant les tribunes orientées au sud, le soleil bas frappe de face et vient agréablement réchauffer les spectateurs immobiles.

Les anciens stades comme St Ruf à Avignon, le stade Lombard à Cavaillon, et le stade de Villefranche qui était le stade précédent du RCC, tous construits vers 1922, avaient eux aussi des tribunes en bois, bien abritées, et étaient très agréables pour les spectateurs. Il faut dire que ces stades des années 1920 avaient été construits et financés par les clubs eux-mêmes, sur des terrains qui leur appartenait ou qu’ils louaient. N’ayant de comptes à rendre à personne ils les construisirent au mieux de leurs ressources et pour le confort de leurs spectateurs.

La Roseraie à Carpentras fut probablement le dernier stade vauclusien à être bâti selon les désirs du club résident. C’est ainsi par exemple qu’il est dépourvu de piste d’athlétisme et que les premiers rangs des spectateurs des tribunes ne sont qu’à 3 mètres de la pelouse. Cette proximité entre les spectateurs et le terrain fut d’ailleurs fréquemment source d’incidents, d’autant plus qu’il n’y eut jamais de grillage pour isoler les joueurs… et les arbitres. Une particularité qu’il partage avec d’autres stades « historique » comme le stade du Moulin à Lézignan par exemple.

Une utilisation très originale des gradins en bois de la Roseraie mérite d’être signalée. Les constructeurs ne l’avaient certainement pas prévue, mais elle avait fini par faire partie du « paysage sonore » du stade. Lorsque le RCC se rapprochait de la ligne adverse tous les spectateurs tapaient des pieds en se servant des gradins comme d’un tambour de guerre. C’était bien commode pour les juniors qui, leur match achevé, prenaient leur douche en dessous et étaient ainsi tenus au courant de l’évolution de la partie, et même du score car le vacarme redoublait lorsque Carpentras avait marqué un essai. Mais c’était certainement aussi très dangereux et en 1996 la mairie décida qu’à la longue cette utilisation ludique et tonitruante pouvait avoir quelques effets regrettables et qu’il fallait consolider les tribunes.

La rénovation de 1996

L’architecte parvint à conserver l’allure générale et les dimensions de l’ensemble, mais la nouvelle construction ne permettait pas de maintenir les vestiaires sous les tribunes. On en construisit donc de nouveaux en choisissant une architecture « néo-provençale » pour le moins surprenante.

La construction en 2013 d’un préau entre l’ancienne entrée et les tribunes permit au club d’organiser différentes manifestations (goûter pour les jeunes, petites cérémonies de récompenses, réceptions des autorités, etc.) et d’abriter les clients de la buvette. On y a posé en 2016 une plaque rappelant le monument aux morts qui avait été détruit plusieurs années plus tôt, alors qu’on tentait de le déplacer.

Les spectateurs

À partir de 1951 lorsque le RCC fut admis en première division, l’affluence était régulièrement de 1500 à 2000 spectateurs. Elle atteignait même les 3000 lors des derbys avec Cavaillon et surtout Avignon. Mais ce n’est pas lors d’un de ces derbys que le record fut établi. En 1955, la Roseraie fut désignée pour la finale de la coupe de France qui opposa le SOA à Marseille XIII. Des levées de terre avaient été ajoutées tout autour du stade pour accueillir des spectateurs debout et l’affluence dépassa 9 000 spectateurs. Il est certain qu’au vu des exigences actuelles en matière de sécurité aucun organisateur ne prendra plus le risque de rassembler une telle foule à la Roseraie et qu’en conséquence ce record ne sera jamais battu.

Le règne du RCC sur le stade de la Roseraie connut une éclipse notable lorsqu’en 1966 le Football Club conduit par un président ambitieux (qui était aussi premier adjoint au maire) recruta l’international français, héros de la Coupe du monde 1958, Roger Piantoni, alors âgé de 35 ans, comme capitaine-entraineur. Le RCC dut alors partager pendant deux saisons son terrain « historique » avec les footballeurs.

En Novembre 1966, Roger Piantoni organisa son jubilé à la Roseraie. Pour cet événement il avait rassemblé beaucoup de personnalités du football (anciens du championnat du monde de 1962 comme Just Fontaine et Raymond Kopa), du sport et du spectacle (Michel Jazy, Jean-Paul Belmondo) et la foule dépassa 5 000 spectateurs.

Depuis sa première montée en première division le RCC a connu une carrière fluctuante tantôt en première division tantôt en deuxième, mais depuis plus de trente ans le stade de la Roseraie n’a pas connu d’affluence supérieure à 1000 personnes.

Actuellement (2019), le RCC qui tient un rôle très convenable en Elite 2 peut compter sur une affluence moyenne d’environ 300 spectateurs.

Bibliographie

Rylance Mike, Le rugby interdit : l’histoire occultée du rugby à XIII en France, Limoux, Cano et Franck, 2006.

Le stade du Fort carré

Le stade du Fort carré

Le Fort carré : un édifice militaire

Le Fort Carré d’Antibes est d’abord connu comme une pièce du patrimoine militaire français. Construit au milieu du XVIe siècle sur la presqu’île Saint-Roch, à l’est de la ville, sur un rocher culminant à 26 mètres, il doit assurer une fonction de surveillance et de défense à proximité de la frontière avec le Comté de Nice incorporé aux États de Savoie. Il demeure jusqu’à la fin du XIXe siècle, un site militaire avec un casernement au pied de ses murailles. Le rattachement de Nice à la France en 1860 le rend cependant moins utile. Une fois défait de ses fonctions militaires, il est classé « monument historique » par décret du 7 novembre 1906.

Le Fort Carré accueille ensuite un centre régional d’Instruction physique. Après la Première Guerre mondiale la ville d’Antibes et le ministère de la Guerre y envisage la construction d’un stade. Des plans sont rapidement dressés le projet reconnu d’utilité publique par un décret du 24 février 1920 signé Théodore Steeg, ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Millerand. La réalisation est confiée à un architecte local Edmond Copello.

L’inauguration du stade

La première manifestation d’ampleur se déroule lors de l’inauguration du stade par le président de la République Paul Deschanel, le 7 avril 1920, avec selon La France de Nice et du Sud-Est, une « démonstration de culture physique, « ballet gymnique », des « épreuves d’athlétisme » et un « match de basket-ball ». Il n’y en aura plus guère au cours de la décennie. Il est vrai que le stade demeure longtemps inachevé et sans grandes tribunes. L’inauguration est en effet précipitée afin de profiter de la présence sur la Côte d’Azur du président de la République, récemment élu au mois de février, et venu assister à la 42e fête fédérale de gymnastique organisée à Nice.

Un lieu de mémoire de la Grande Guerre

Dans le contexte d’après-guerre, le maire Baptistin Ardisson joue sur la corde patriotique en appelant dans son discours à « Régénérer la race ! augmenter par la même la vitalité de la France ». En outre, la municipalité dédie cette inauguration à la « commune-martyre » de Asfeld-la-Ville après avoir été sollicitée par son maire et 30% des recettes de la journée sont attribués à cette commune de 800 habitant ravagée par quatre années de combats sur le front de l’Aisne.

Le voile patriotique et mémoriel qui recouvre l’inauguration du stade trouve à se prolonger avec l’inauguration le 3 juillet 1927 de la statue d’un poilu qui surplombe le terrain au pied des murailles, juste devant le tombeau du général Championnet, commandant l’armée des Alpes pendant la campagne d’Italie en 1799-1800. Le monument rendant hommage aux victimes antiboises de la Grande guerre, dont les noms figurent sur une plaque, culmine sur un piédestal à 22 mètres de hauteur et présente la particularité de représenter le soldat l’arme au pied à sa gauche contrairement à l’usage, ce qui n’a pas manqué de susciter des interprétations allant même jusqu’à rendre cette anomalie responsable du suicide du sculpteur, Henri Bouchard, grand prix de Rome en 1901. Quoi qu’il en soit, cette statue de poilu, au pied d’un fort militaire, confère au stade du Fort Carré un aspect incomparable et une identité originale ancrée dans une mémoire patriotique.

Du sport militaire au sport de compétition

Le stade du Centre régional d’instruction physique dont la direction est assurée à la fois par un militaire et un civil est destiné à recevoir des stagiaires militaires ou de grands événements athlétiques selon les termes de la convention du 22 février 1919 établie entre le ministère de la Guerre et la ville d’Antibes. Il est également convenu que l’Antibes-Olympique, le club phare de la ville, fondé en 1919, pourra disposer des installations pour la pratique de l’athlétisme, du basket-ball et du football. Des travaux apparaissent rapidement nécessaires et ce d’autant plus que l’Olympique-Antibes participent au premier championnat de France de football professionnel au cours de la saison 1932-1933.

En 1938, le stade du Fort Carré accueille un match du second tour de la Coupe du monde de football en France. Le 12 juin, la Suède l’emporte 8 buts à 0 face à Cuba devant seulement 6 846 spectateurs.

Après ce match, le stade du Fort Carré n’accueille plus de grandes compétitions sportives. Le déclin de l’équipe de football local accentue encore son anonymat dans la géographie du sport hexagonal. Le stade n’est certes pas à l’abandon. Après avoir servi brièvement de site de regroupement aux réfugiés allemands et autrichiens internés au début de la guerre, il retrouve dès janvier 1941 sa fonction de formation avec l’installation par le régime de Vichy d’un collège national de moniteurs et d’athlètes.

Après la guerre, c’est à nouveau une structure militaire, l’école Militaire d’Escrime et de Sports de Combats (qui devient ensuite École d’entraînement physique militaire) qui l’occupe pour l’essentiel. Le ministère des Armées cède le terrain en novembre 1967 au ministère de la Jeunesse et des Sports et un premier « centre d’accueil » ouvre ses portes. Il devient ensuite un Centre Régional d’Éducation Physique et des Sports (CREPS) encore actuellement en activité.

Bibliographie

Mourlane Stéphane, « Du canon au ballon, le stade du Fort Carré d’Antibes », Rencontres autour du patrimoine sportif et de la mémoire du sport, Nice, Musée national du sport, 2015.

Le stade du Ray

Le stade du Ray

Pendant neuf décennies, le caractère tranquille et paisible du quartier Saint-Maurice dans le Nord de Nice été perturbé les jours ou soirs de match par une foule dense qui « montait » au Ray dans une ambiance souvent frénétique. Mais le « Ray » n’a pas toujours été le « Ray » : sans nom au départ si ce n’est « terrain de l’OGC Nice », il est bientôt baptisé « stade Saint-Maurice » mais aussi « stade municipal Léo Lagrange », son nom officiel.

De la difficulté de construire un stade dans les années vingt

Si la fondation du Gymnaste Club de Nice (GCN) en 1904 à La Pergola, avenue Carlone, s’avère un moment fondateur. Au début des années 1920, il n’existe pas de stade digne de ce nom : les footballeurs évoluent sur un « terrain » situé dans le quartier de la Californie (sur l’emplacement actuel du square Marcel Kirchner) mais selon les témoignages de l’époque il s’agit d’un véritable « champ de patates » sur lequel il est bien difficile de jouer. En juillet 1920, c’est au nord de la ville, au Parc Chambrun alors à l’abandon que se dessine l’éventualité de construire un stade. Sous la houlette du maire Honoré Sauvan, le Conseil municipal prend la décision d’y acquérir le terrain. Mais le projet n’aboutira pas faute de volonté ferme et peut-être de moyens. Face aux atermoiements, les dirigeants du Gymnaste Club de Nice réfléchissent à leur propre projet : en 1923 une demande de création d’un stade sur une surface de 68 hectares est déposée sur le bureau du ministère de la Guerre, André Maginot. Mais toujours sans résultat. Face à l’absence de solution, les dirigeants niçois parviennent à intéresser à leur cause Jules Schreter, richissime homme d’affaire installé sur la Côte d’Azur notamment propriétaire de quelques grands hôtels comme le Ruhl. Ce dernier se porte acquéreur d’un vaste terrain de 70 hectares dans le quartier de la Californie sur lequel il propose au Gymnaste Club de construire un stade. L’architecte niçois Pierre Rabagliatti dresse un premier devis s’élevant à 1,8 millions de francs, comportant un stade de forme ovale doté d’une piste cimentée et de tribunes destinées à accueillir 15 000 spectateurs. Mais, à la suite de dissensions avec l’équipe municipale et les dirigeants du GCN, Jules Schreter retire son projet. Avec Pierre Gautier, militaire intéressé par les questions sportives élu maire depuis 1922, la municipalité convoite un terrain appartenant à des héritiers du négociant en huiles et homme de biens Auguste Gal mort plusieurs décennies auparavant en 1883, situé à Saint-Maurice. L’architecte de la Ville dresse les plans d’aménagement en janvier 1924, mais, là encore, le projet n’aboutit pas immédiatement. Il faudra surmonter bien des vicissitudes, pour voir enfin la situation évoluer : le club obtient deux ans plus tard, en 1926, la gestion d’une parcelle des terrains d’Auguste Gal tandis que la mairie assure financièrement sa location.

La construction du stade

La construction d’un stade digne de ce nom capable d’accueillir 3500 personnes satisfait les Niçois amateurs de sport en ce milieu des années vingt. Situé en face d’une ancienne fonderie, le chantier de sa construction évolue assez rapidement : il faut une année environ et de nombreux ouvriers dont la plupart sont des immigrés italiens pour que l’ensemble soit livré lors de la saison 1926-27 qui correspond à une progression sportive : l’OGC Nice vient d’accéder à la division d’Honneur, plus haut échelon régional. Aux yeux de tous, le plus important consiste en l’érection d’une tribune en béton armé pouvant accueillir jusqu’à 300 spectateurs sous laquelle des vestiaires modernes équipés de douches et bureaux sont aménagés. La presse à l’unisson signale le caractère quelque peu insolite du lieu d’implantation du stade : jamais on n’aurait pu envisager qu’un grand stade puisse être construit dans cette partie nord de la ville encore peu peuplée. Pour se rendre dans ce bel écrin, les Niçois doivent utiliser la ligne 1 du tram, s’arrêter à la station « Saint-Maurice » et marcher environ 200 mètres. Un parc pour automobiles est ouvert en face du terrain.

L’inauguration du Stade que l’on nomme alors « Saint-Maurice » avant qu’il ne devienne plus tard « Léo Lagrange » après la Guerre puis progressivement « Ray » n’a pas provoqué une passion démesurée car le football en 1927 n’avait pas, loin s’en faut, autant d’importance et d’audience que de nos jours. Pourtant, avec ce nouvel équipement, l’OGC Nice entre déjà dans une nouvelle dimension. En effet, quelques années plus tard, le club, devenu l’un des meilleurs de la région, adopte un statut professionnel en 1932 et accède à la première division nationale.

Un lieu à la mode après la Seconde Guerre mondiale

En 1948, une seconde inauguration du stade du Ray fait l’événement au moment où, après avoir passé plusieurs années en deuxième division, l’OGCN accède à l’élite nationale. Une tribune couverte de 3 000 places est édifiée à l’est et devient la tribune d’honneur tandis que les gradins nord sont améliorés. A partir de cette date, les supporters affluent en masse avec plus de 10 000 spectateurs de moyenne qui annoncent de belles années pour l’OGC Nice qui sera quatre fois champion de France de football en 1951/52 ; 1952/53 ; 1955/56 et 1958/59 et vainqueur de deux coupes de France en 1951/52, saison du doublé et 1953/54. Le stade du Ray devient dès lors un endroit à la mode avec un record de spectateurs atteint 22 740 le 11 mai 1952 lorsque le « Gym » accueille le Racing Club de Paris. Dans ce contexte, la tribune ouest est reconstruite et des quarts de virage nord sont inaugurés. Le stade se modernise notamment avec l’arrivée de l’éclairage diffusé par d’impressionnants projecteurs qui balisent l’espace du quartier. Les rencontres peuvent désormais se dérouler en nocturne : ce sera chose faite le 7 août 1960 à l’occasion d’un tournoi du Centenaire du rattachement du Comté de Nice à la France : Nice vient à bout des Espagnols de Valence (1-0). Après une période de creux sur le plan sportif, le stade du Ray retrouve de la ferveur au cours des années soixante-dix. La tribune ouest perd sa partie en bois et devient entièrement bétonnée. Elle est même totalement reconstruite, couverte et redevenant la tribune d’honneur en juin 1980.

Le spectre de la destruction

Pourtant, au cours des années quatre-vingt, le stade devient obsolète. Un nouveau projet de complexe sportif avec un stade de football de 40 000 places est prévu au nord du stade Charles Ehrmann mais sa mise en œuvre tarde puis est abandonnée. Nice doit renoncer à accueillir des rencontres de la Coupe du monde 1998. Rester au « Ray » semble impossible pour « grandir » même si des rénovations sont encore entreprises au début des années deux mille. Et paradoxalement, plus le stade devient vétuste et plus les supporters y sont attachés se confortant à l’idée d’un antre qui inhibe les équipes adverses. C’est donc là que le « Gym » fête son centenaire en 2004. Mais l’arrivée concomitante de Christian Estrosi dans le fauteuil de maire de Nice en 2008 et de Jean-Pierre Rivère à la présidence du club en 2011, accélère l’inéluctable : un nouveau stade va enfin voir le jour et le Ray va disparaître.

Le 1er septembre 2013, ils sont plus d’une dizaine de milliers à se rassembler sur la place Masséna arborant les couleurs rouges et noire pour « monter » une dernière fois au « Ray » par les avenues Jean Médecin, Malausséna, Borriglione, la rue Puget et l’avenue Gorbella avant de rejoindre une dernière fois le stade dans une ambiance festive teintée de nostalgie. En effet, ce Nice-Montpellier (2-2) comptant pour la 4ème journée du championnat de France de Ligue 1 est bien le dernier match du « Gym » au stade du Ray.

Désormais située à Saint-Isidore, l’arène footballistique des Niçois a déserté les lieux où seules quelques traces comme ce morceau de guichet restent présentes. Dans le nouvel écrin Allianz Riviera, l’une des quatre tribunes, celles des supporters, se dénomme précisément « Ray », attestant de l’importance de la référence à l’arène disparue. Les sièges du Stade se sont vendus et quelques-uns d’entre eux ont fait leur entrée dans les collections du Musée National du Sport.

Bibliographie

Camous Thierry, C’était le Ray, une ville, un stade, Nice, Giletta, 2016.

Gache Pierre-Henri, Le sport à Nice dans l’entre-deux-guerres, Editions Alandis, Nice, 2001.

Hansen David, La naissance du football professionnel à Nice (1932-1950), mémoire de Master 2, Université de Nice, 2017.

Magnificat Pierre, Le football à Nice, dans l’entre-deux-guerres à travers l’Eclaireur de Nice, mémoire de maîtrise, Université Nice-Sophia Antipolis, 2003

Oreggia Michel, Les 100 ans de l’OGC Nice. Mémoire d’un club, Nice, Giletta, 2004.

Les calanques de Marseille

Les calanques de Marseille

Avec environ 3 400 voies répertoriées (2 400 sportives et 1 000 d’aventure), les Calanques sont aujourd’hui l’un des plus célèbres sites d’escalade en France et en Europe. Il s’agit d’un massif calcaire, une sorte de « petit massif alpin » selon l’alpiniste Edouard Frendo, qui s’étend sur plus de vingt kilomètres de côtes entre le village de La Madrague (quartier du sud-ouest de la ville de Marseille) et la commune de Cassis. Avant de devenir un « terrain d’aventure », les Calanques étaient des exploitées pour des activités agricoles et pastorales puis industrielles, à partir du XIXe siècle.

Premières escalades

C’est qu’à partir des années 1880 que les Calanques sont parcourues par des férus d’escalade. En 1879, le vice-consul anglais de Marseille Francis W. Mark, qui est l’un des membres fondateurs de la section provençale du Club alpin français en 1874, est le premier à gravir, seul, la Grande Candelle, sommet qui culmine à 454 mètres d’altitude. Il faut cependant attendre le début du XXe siècle pour que la pratique de l’escalade se développe véritablement notamment grâce aux membres de la Société des excursionnistes marseillais fondée en janvier 1897. Ces petits notables marseillais organisent « chaque quinzaine, au moins, une excursion utile et agréable dirigée par des guides sûrs » afin de se tenir « loin de l’air pernicieux des cafés » (Bulletin de 1898). Randonneurs, ils pratiquent aussi l’escalade. À Marseille, des clubs plus spécialisés emboitent le pas : en 1900 est fondé le Rocher Club de Provence, puis en 1905, le Climber’s club.

Maurice Bourgogne, secrétaire général de la section de Provence du Club alpin français évoque alors « aux portes de Marseille, dans les rochers de nos chaînes côtières, un terrain à souhait pour le sport de l’escalade ; j’entends parler de la vraie et sérieuse escalade, de cette lutte corps à corps où tous les muscles se tendent tous les ressorts de l’être : rude et passionnante école d’énergie, de réaction contre l’aveulissement des villes ». (Annuaire du Club alpin français, 1902).

Ouvertures de voies et progrès techniques

À partir des années 1920, de nombreuses voies sont ouvertes présentant des niveaux de difficulté croissant. En avril 1927, « l’Arête de Marseille » sur la Grande Candelle est déjà considérée comme l’une des plus belles. Dans les années 1930, des grimpeurs de mieux en mieux formés, notamment au sein du Groupe de Haute Montagne fondé en 1919, recourent aux pitons pour leurs ascensions. Edouard Frendo, né à Sfax en Tunisie mais ayant grandi à Marseille est l’un de ceux qui développe cette technique du pitonnage qui permet l’essor de l’escalade artificielle et l’accès à des voies toujours plus difficiles. Georges Livanos, né au sein de l’importante communauté grecque à Marseille, ouvre ainsi ouvre quelque 500 voies dans les Calanques. « Le Grec » grimpe avec un autre Marseillais appelé à une grande renommée. Georges Rébuffat parcourt les Calanques dès son plus jeune âge au sein notamment de l’œuvre Joseph Allemand, le plus ancien patronage marseillais. S’il s’envole dès ces 20 ans vers d’autres sommets, il ne cesse toutefois d’y revenir et de contribuer à la promotion du site au travers de livres ou de films. À partir des années 1960, les Calanques acquièrent une grande notoriété et leurs accès est favorisé par la publication de topo-guides. En 1972, la section provençale du Club alpin français note que les Calanques sont « envahies » par des « étrangers, « aux nombreux grimpeurs venant de toute la France s’ajoutent les Allemands et les Suisses qui sont particulièrement fidèles, mais il est maintenant de plus en plus fréquent de rencontrer des grimpeurs anglais, italiens et même japonais ».

L’escalade libre

Ce sont des grimpeurs américains, rompus aux parois granitiques du Parc Yosemite, en Californie, qui font souffler un vent nouveau sur les Calanques dans ces années 1960. Participant d’un esprit « libériste » très en vogue à ce moment dans les sports de pleine nature, ils remettent en cause l’escalade artificielle, dénoncée pour ses conséquences sur la dégradation du rocher par la répétition du pitonnage et comme dénaturant l’esprit originelle des ascensions.

L’« éperon des Américains » dans la Calanque d’En Vau ouverte en 1963 par John Harlin, Gary Hemming (« le beatnik des cimes ») et Royal Robbins est l’une des voies symboliques de cette époque de l’escalade libre triomphante.

Plus tard, le grimpeur Patrick Edlinger et en particulier son film « La Vie au bout des doigts » (1982) suscite un véritable engouement pour la pratique. Edlinger aime à venir grimper dans les Calanques. Son effroyable chute, en 1995, à laquelle il réchappe miraculeusement, vient rappeler que l’escalade n’y est pas sans danger. Certaines voies demeurent l’apanage des professionnels les plus aguerris. Il n’en reste pas moins que la fréquentation des calanques de ne cesse d’augmenter. De très nombreuses voies sont équipées d’ancrages permanents fixés sur le rocher financés par les clubs et collectivités locales.

Un environnement à préserver

Les grimpeurs sont très tôt sensibilisés à la nécessité de préserver ce site magnifique. Pour Georges Livanos, « l’originalité des Calanques c’est la mer, voisine inhabituelle du grimpeur, et quand cette mer s’appelle la Méditerranée, le paysage ne peut être fait que de lumières et de ton violents à la Van Gogh. Bleu profond de la mer, marbres blancs des parois, tâches vertes de mobiles des pins, éclatantes de couleurs qui palpitent sous les torrents lumineux du soleil du Midi » Et d’ajouter « Du reste, il vaut mieux que je n’évoque pas les Calanques de façon trop attirante, je contribuerai moins à leur envahissement par les foules dont la virtuosité destructrice n’est battue, et d’une courte tête, que par les bulldozers » (Au-delà de la verticale, 1958).

Déjà en 1910, les excursionnistes, les membres du Club alpin français participent à une manifestation pour s’opposer à l’extension du front de taille de la carrière à Port Mioux. Dans les années 1960, Paul Rouaix, président des excursionnistes marseillais, prend la tête du comité pour la défense des sites naturels.

La création du parc national des Calanques en 2012 constitue un aboutissement non seulement en empêchant d’éventuelles implantations industrielles et immobilières, mais aussi en encadrant les pratiques de loisirs toujours plus nombreuses. Il est désormais interdit d’équiper de nouvelles voies d’escalade tandis des mesures de protection de la faune et flore réglementent la pratique. Les Calanques demeurent ainsi ce « terrain de jeu » cher à Gaston Rébuffat qui y a trouvé « la Terre, la Mer et le Ciel. » (Les Calanques, 1949).

Bibliographie

Attard-Maraninchi Marie-Françoise, « L’alpinisme, facteur de cohésion sociale des Excursionnistes marseillais. Étude d’un paradoxe », in Hoibian Olivier, Defrance Jacques (dir.), Deux siècles d’alpinismes européens, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 23-42.

Attard-Maraninchi Marie-Françoise, « Les photographies des Excursionnistes marseillais, témoignage d’une « conquête » de la Provence (1897-1914) », [texte intégral : http://www.imageson.org/document715.html].

Ballu Yves, Gaston Rébuffat : la montagne pour amie, Paris, Hoëbeke, 2011

Chabrol Jean-Paul, « Une brève histoire de l’escalade dans les Bouches-du-Rhône » [texte intégral :  https://www.academia.edu/17780580/Une_brève_histoire_de_lescalade_dans_les_Bouches-du-Rhône].

Chabrol Jean-Paul, « Historique premières en escalade dans les Calanques », [texte intégral : https://www.academia.edu/9521522/Historique_des_premières_en_escalade_dans_les_Calanques ].

Daumalin Xavier, Laffont-Schwob (dir.), Les Calanques industrielles de Marseille et leurs pollutions. Une histoire au présent, Aix-en-Provence, Ref.2e éditions, 2016.

Livanos Georges, Au-delà de la verticale, Paris, Arthaud, 1958.

Rébuffat Georges, Ollive Gabriel M., Calanques, Paris, Arthaud, 1949.

Vaucher Bernard, Des rochers et des hommes. Cent vingt ans d’escalade dans les Calanques, Edition de l’Envol, 2001.